C’est un rebondissement inattendu dans l’un des procès les plus choquants de ces dernières années. Dominique Pelicot, 71 ans, accusé d’avoir drogué et livré son épouse Giselle à 80 hommes, a vu sa comparution remise en question ce lundi à cause de graves problèmes de santé. Atteint d’un calcul rénal, d’une infection urinaire et de troubles de la prostate selon les experts, le principal prévenu a refusé d’être extrait de sa cellule, laissant la cour criminelle du Vaucluse dans l’expectative.
Une expertise médicale déterminante
Face à cette situation, le président de la cour Roger Arata a diligenté deux experts, un médecin légiste et un clinicien, pour statuer sur la capacité de Dominique Pelicot à être jugé et sur les soins qu’il doit recevoir. Leurs conclusions, attendues ce mardi matin, détermineront si le procès peut reprendre ou doit être reporté. Un coup dur pour Giselle, partie civile, qui espère depuis des années que la justice passe.
Des faits glaçants et une personnalité trouble
Depuis le début du procès mercredi dernier, les témoignages glaçants des victimes et les éléments de l’enquête ont levé le voile sur un dossier hors-norme. Dominique Pelicot est accusé d’avoir, pendant des années, drogué son épouse avec des anxiolytiques pour la livrer à des inconnus contactés sur des sites libertins. Les viols, parfois collectifs, étaient filmés à leur insu.
Ça fait des années, elle ne se doute de rien.
– Un SMS écrit par Dominique Pelicot à l’un des violeurs
Si une cinquantaine d’hommes ont été identifiés, ce sont près de 80 agresseurs qui auraient abusé de Giselle. Parmi eux, des pères de famille, un pompier, un infirmier… Certains disent avoir ignoré qu’elle était droguée, d’autres assurent que Dominique Pelicot leur avait dit qu’elle était consentante.
Une stratégie de défense bancale
Depuis le début du procès, la ligne de défense de Dominique Pelicot apparaît confuse et variable. Mutique ou allusif face aux questions de la cour, il semble surtout concentré sur son état de santé, quittant à plusieurs reprises les audiences en se plaignant de douleurs.
Son avocate, Me Béatrice Zavarro, a dénoncé une prise en charge médicale “désuète et incohérente” et espère que les conclusions des experts permettront à son client de faire valoir sa défense, si son état le permet. Car les éléments qui l’accablent semblent déjà accablants.
Un dénouement attendu
Initialement prévu pour durer trois semaines, le procès pourrait donc prendre du retard si Dominique Pelicot n’est pas en mesure d’être jugé. Un contretemps frustrant pour les nombreuses victimes, qui attendent que la justice passe.
Ce mardi sera donc décisif. Si les experts concluent que l’accusé peut comparaître, ne serait-ce que par intermittence, les débats reprendront. Avec, peut-être, enfin des réponses de Dominique Pelicot sur les faits qui lui sont reprochés. Dans le cas contraire, l’épilogue de ce procès hors-norme pourrait encore attendre. Les victimes, elles, ont suffisamment attendu.