Le bras de fer politique se durcit en France alors que le pays cherche désespérément un nouveau Premier ministre après le refus d’Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets, la candidate désignée par le Nouveau Front populaire (NFP). Les Insoumis, par la voix de leur cheffe de file à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, viennent de lancer un ultimatum clair : ce sera Lucie Castets à Matignon, ou rien. Une position intransigeante qui risque de compliquer encore davantage la formation d’un gouvernement dans un paysage politique plus que jamais morcelé.
La menace d’une motion de censure
Invitée ce vendredi sur les ondes de Franceinfo, Mathilde Panot n’a pas mâché ses mots. Pour la patronne des députés de La France insoumise (LFI), hors de question de soutenir un gouvernement qui ne serait pas dirigé par Lucie Castets, la candidate que le NFP a choisi “ensemble”. “Bien sûr que nous voterions une censure contre monsieur Cazeneuve”, a-t-elle martelé, balayant d’un revers de main l’hypothèse d’un retour de l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve à Matignon.
Nous ferons des motions de censure contre tout gouvernement qui ne serait pas dirigé par Lucie Castets.
– Mathilde Panot, cheffe des députés LFI
Cazeneuve, symbole d’un passé rejeté
Pour justifier cette position radicale, Mathilde Panot n’hésite pas à critiquer vertement le bilan du quinquennat Hollande, dont Bernard Cazeneuve fut le dernier Premier ministre. Selon elle, cette période a “fait le plus de mal à la gauche ces dernières années”, en essayant de “faire croire aux gens que, qu’on soit de gauche ou de droite, de toute façon, c’était les mêmes politiques qui étaient menées avec des promesses qui n’ont pas été tenues”. Un passé que les Insoumis veulent définitivement tourner.
Pas question de pactiser avec les macronistes
Inflexible, la cheffe de file des députés insoumis a enfoncé le clou. Pour elle, aujourd’hui, “c’est Lucie Castets ou rien”. Hors de question pour LFI de faire le moindre compromis avec les macronistes “qui ont été battus à la fois dans les élections européennes et dans les élections législatives”. Mathilde Panot l’affirme sans ambages :
Jamais nous ne ferons une alliance avec les macronistes parce que nos programmes sont antagonistes.
– Mathilde Panot
Une position qui divise la gauche
Si la position des Insoumis est on ne peut plus claire, elle est loin de faire l’unanimité à gauche. Plusieurs responsables politiques, y compris au sein du NFP, estiment qu’un gouvernement dirigé par Bernard Cazeneuve pourrait être une solution de compromis acceptable pour sortir de l’impasse actuelle. Mais pour LFI, cette option est inenvisageable. Un bras de fer qui risque de durer, alors que la France a plus que jamais besoin d’un exécutif stable et opérationnel pour faire face aux nombreux défis économiques et sociaux.
Vers une dissolution de l’Assemblée ?
Face à ce blocage, certains évoquent déjà l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale et d’un retour aux urnes. Une option à haut risque dans un pays déjà profondément divisé et qui aspire à la stabilité. Mais si aucun compromis n’est trouvé dans les prochains jours, Emmanuel Macron pourrait être tenté de jouer son va-tout en renvoyant les Français aux urnes. Un pari risqué, dont l’issue est plus qu’incertaine dans un paysage politique plus éclaté que jamais.
Une chose est sûre : la France retient son souffle, suspendue aux négociations de coulisses qui se jouent actuellement dans les palais de la République. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir du pays. Et les Insoumis, par leur intransigeance, pourraient bien être les arbitres de ce bras de fer à haut risque.
