En pleine crise politique, alors que la France se cherche désespérément un nouveau Premier ministre, une figure inattendue a surgi du passé pour proposer ses services : l’ancienne ministre Ségolène Royal. Invitée sur le plateau de LCI jeudi soir, la finaliste malheureuse de la présidentielle de 2007 s’est déclarée « disponible » pour diriger un « gouvernement d’union républicaine » et tenter de sortir le pays de l’impasse.
Une candidature surprise
L’annonce de Ségolène Royal a créé la surprise dans le petit monde politique. Éloignée des responsabilités nationales depuis plusieurs années, l’ex-compagne de François Hollande n’était plus vraiment attendue sur le devant de la scène. Mais à 69 ans, elle semble décidée à revenir dans le jeu à la faveur de la situation de blocage qui paralyse les institutions.
Face aux échecs répétés d’Emmanuel Macron pour trouver un remplaçant à Elisabeth Borne, poussée à la démission il y a une semaine, l’ancienne ministre de l’Environnement veut incarner une alternative crédible. Tout en assurant ne pas être « candidate » en tant que tel, puisqu’il n’y a pas « d’ouverture de candidature », elle s’est dite prête à « essayer de constituer un gouvernement d’union » si cela pouvait « représenter une solution ».
Une feuille de route en 3 points
Pour tenter de convaincre, Ségolène Royal a même esquissé une feuille de route pour un éventuel gouvernement sous sa houlette. Avec trois priorités majeures :
- L’ordre juste dans les domaines économique, social, écologique et sécuritaire
- L’avenir des jeunes
- Le rétablissement des comptes publics
Un programme qui n’est pas sans rappeler celui qu’elle portait déjà lors de sa campagne présidentielle en 2007. La preuve que certaines recettes sont intemporelles. Ou plutôt qu’à défaut d’idées neuves, on recycle les anciennes…
Cazeneuve écarté, Royal en pole position ?
Pour appuyer sa candidature, Ségolène Royal n’a pas hésité à tacler un autre prétendant régulièrement cité pour Matignon : Bernard Cazeneuve. Selon elle, l’ancien Premier ministre de François Hollande, pressenti un temps pour succéder à Elisabeth Borne, se serait « déjà positionné pour l’élection présidentielle ». Un handicap rédhibitoire à ses yeux.
Tout candidat à Matignon ne doit pas être candidat parce que ça fait faire des erreurs. Parce qu’on passe du “je” au “nous”, alors que l’élection présidentielle, c’est le “je”.
Ségolène Royal
Une manière habile de se placer en pole position, elle qui promet de ne pas se présenter en 2027 si elle est nommée à Matignon. Un engagement fort, censé prouver son désintéressement et son sens de l’État. Reste à savoir si cela suffira à convaincre Emmanuel Macron, qui cherche avant tout un Premier ministre capable de rassembler une majorité stable à l’Assemblée nationale pour mettre en oeuvre son programme.
Un profil clivant
Car si Ségolène Royal peut se targuer d’une certaine expérience gouvernementale, elle n’en reste pas moins une personnalité clivante dans l’opinion. Son bilan contesté au ministère de l’Environnement sous François Hollande et ses prises de position parfois polémiques lui ont valu de solides inimitiés, y compris dans son propre camp.
Surtout, on peut légitimement s’interroger sur sa capacité à faire le « en même temps » cher à Emmanuel Macron et à réunir autour d’elle des sensibilités politiques aussi diverses que celles représentées à l’Assemblée. Entre la Nupes, le RN et LR, difficile d’imaginer qu’une telle union sacrée puisse se faire derrière une figure aussi marquée à gauche que Ségolène Royal.
Le syndrome du recours
Finalement, cette candidature surprise illustre surtout la difficulté pour Emmanuel Macron de trouver le bon profil pour relancer la dynamique de son second mandat. Après avoir misé en vain sur des personnalités de la société civile ou des élus locaux, le président semble désormais tenté par des figures plus politiques, quitte à aller les chercher dans le passé.
Un syndrome du recours qui en dit long sur la crise de leadership que traverse le pays. Reste à savoir si Ségolène Royal saura cette fois transformer l’essai, elle qui n’a jamais réussi à franchir la dernière marche du pouvoir au cours de sa longue carrière. Réponse dans les prochains jours, Emmanuel Macron ayant promis de trancher rapidement cette épineuse question de Matignon pour enfin relancer l’action gouvernementale.