L’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer règle ses comptes. Dans une interview au magazine Le Point parue ce jeudi 29 août, il revient sur ses cinq années passées rue de Grenelle aux côtés d’Emmanuel Macron et livre un portrait peu flatteur du président de la République. Des révélations qui risquent de faire du bruit.
Macron, un président aux “coups tordus”
Jean-Michel Blanquer ne mâche pas ses mots. Selon lui, Emmanuel Macron est un président qui “ne déteste pas les coups tordus” et qui a fait “un usage incongru” de son droit de dissolution après les élections législatives. “Il se crée à lui-même des problèmes évitables“, assène l’ex-ministre.
S’il reconnaît au chef de l’État “une grande intelligence, une très forte puissance de travail, du dynamisme et de la créativité“, Jean-Michel Blanquer pointe aussi du doigt sa tendance à “écouter les conseillers du soir plutôt que les ministres du jour“.
D’une certaine façon, il réussit souvent ce qu’il y a de plus difficile et rate des choses assez simples. Il peut accomplir une prouesse et aussitôt la gâcher par une phrase ou une posture.
Jean-Michel Blanquer à propos d’Emmanuel Macron
Une crise de régime “malheureusement possible”
Concernant la situation politique actuelle, Jean-Michel Blanquer estime qu’une crise de régime est “malheureusement possible” en raison des difficultés à former un gouvernement. Il pointe “un enfermement du pouvoir présidentiel sur lui-même” et juge que “les circonstances, mais aussi parfois la volonté du président, ont amené à l’abaissement des forces de gouvernement de droite comme de gauche au bénéfice des extrêmes“.
Néanmoins, il estime que le macronisme, entendu comme “un grand centre pivot capable de travailler avec la gauche ou la droite“, “conserve toute sa pertinence“.
Un départ du gouvernement vécu comme une “trahison”
Jean-Michel Blanquer revient également sur son départ du gouvernement en 2022 après la réélection d’Emmanuel Macron. L’ex-ministre dit avoir été victime “d’une forme de disgrâce” et “d’une amnésie masochiste du président” qui n’a pas su, selon lui, “valoriser son propre bilan en matière d’éducation“.
Lorsque vous vous battez comme un gladiateur et qu’en vous retournant vous voyez l’empereur le pouce baissé, vous pouvez ressentir une forme de trahison.
Jean-Michel Blanquer
Un passage à l’Intérieur contrarié par Richard Ferrand
Le livre révèle aussi qu’en 2020, lorsque Jean Castex a remplacé Édouard Philippe à Matignon, Emmanuel Macron avait envisagé de nommer Jean-Michel Blanquer ministre de l’Intérieur. Mais Richard Ferrand, proche du président, s’y était opposé en raison des positions “jugées trop raides” de Blanquer face à “l’islamisme fondamentaliste” et de l’impact potentiel sur “l’électorat musulman“.
Des révélations explosives qui lèvent le voile sur les coulisses du pouvoir et les relations complexes entre Emmanuel Macron et ses ministres. Nul doute qu’elles alimenteront encore longtemps le débat politique en cette rentrée.