Alors que la guerre fait rage en Ukraine depuis plus d’un an, une décision choc vient d’être annoncée par le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Dans un entretien accordé au magazine The Economist, il a en effet déclaré qu’il était temps pour les alliés occidentaux de lever certaines des restrictions imposées à l’Ukraine concernant l’utilisation des armes qui lui sont fournies. Autrement dit, Kiev pourrait désormais être autorisé à frapper des cibles militaires en territoire russe avec l’armement occidental. Une annonce lourde de conséquences qui risque bien de faire basculer le conflit dans une nouvelle dimension.
La fin des “lignes rouges” pour l’Ukraine
Depuis le début de l’invasion russe, les pays occidentaux qui soutiennent l’Ukraine lui ont fixé des limites claires quant à l’usage qui pouvait être fait des armes livrées. La crainte d’une escalade face à la puissance nucléaire russe a en effet poussé les alliés à interdire formellement à Kiev de viser le sol russe avec ce matériel. Mais petit à petit, ces “lignes rouges” semblent s’effacer.
Le Royaume-Uni a été le premier à franchir le pas début mai, en donnant son feu vert aux Ukrainiens pour utiliser les missiles de croisière Storm Shadow contre la Russie. Selon le New York Times, les États-Unis envisageraient de suivre rapidement le mouvement. Et maintenant, c’est au tour de l’OTAN, par la voix de son secrétaire général, d’appeler à revoir ces restrictions.
Argument de la “légitime défense”
Pour Jens Stoltenberg, cette évolution est rendue nécessaire par le contexte, alors que la Russie intensifie son offensive, notamment autour de Kharkiv. Il estime que continuer à brider les capacités de riposte ukrainiennes reviendrait à rendre « très difficile » la défense du pays face à l’agression russe.
Le fait de refuser à l’Ukraine la possibilité d’utiliser ces armes contre des cibles militaires légitimes sur le territoire russe rend sa défense très difficile.
– Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN
Un argument de “légitime défense” également avancé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Lors d’une interview à l’AFP, il a plaidé pour que les alliés laissent son pays utiliser librement les armes fournies, martelant qu’elles seraient employées de façon « défensive ».
Le spectre de l’escalade
Mais du côté russe, cette perspective est perçue comme une véritable menace et une provocation. Moscou a d’ailleurs mis en garde contre toute décision en ce sens, jurant de cibler en représailles des installations militaires britanniques « sur le territoire de l’Ukraine et au-delà ». Une escalade dangereuse que le Kremlin n’a pas manqué de brandir à nouveau.
- Pour le porte-parole Dmitri Peskov, si les États-Unis emboîtaient le pas au Royaume-Uni, cela constituerait un nouveau palier dans l’escalade du conflit.
- Jens Stoltenberg lui-même reconnaît le risque, soulignant l’importance « d’empêcher cette guerre de devenir un conflit entre la Russie et l’OTAN en Europe ».
Une ligne de crête sur laquelle les Occidentaux semblent de plus en plus disposés à avancer. Reste à savoir jusqu’où ira ce changement de doctrine et quelles en seront les conséquences sur le terrain et les relations internationales. Une chose est sûre, après des mois de guerre, l’Ukraine et ses soutiens semblent prêts à franchir un nouveau cap dans la confrontation avec la Russie.
