Sur l’échiquier politique de l’Assemblée nationale, un duel stratégique se joue actuellement entre le Président Emmanuel Macron et le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon. Alors que le pays est suspendu à la nomination du prochain Premier ministre, les deux hommes déploient des approches diamétralement opposées pour tenter de prendre l’avantage. D’un côté, un Président qui joue la montre et mise sur la décantation des esprits, de l’autre, un opposant qui bouscule le jeu par des propositions audacieuses. Qui sortira vainqueur de ce bras de fer ?
Macron, l’immobilisme stratégique
Depuis l’issue des élections législatives qui l’ont privé de majorité absolue, Emmanuel Macron semble comme figé, attendant un hypothétique déclic des forces politiques. Le Président multiplie les consultations tous azimuts, mais sans jamais mettre de proposition concrète sur la table. Une attitude qui lui vaut des critiques, y compris dans son propre camp, beaucoup appelant à passer à l’action. Mais le chef de l’État semble convaincu que le temps joue pour lui.
Emmanuel Macron s’en remet à une « décantation » de la réflexion des forces politiques.
– Guillaume Tabard, éditorialiste
Cette position statique interroge nombre d’observateurs. Le Président parie-t-il sur l’essoufflement de ses opposants ? Cherche-t-il à les pousser à la faute en les laissant s’agiter ? Ou est-il tout simplement dans l’incapacité de trancher, paralysé par un paysage politique inédit ? Seul l’avenir le dira, mais en attendant, son autorité s’érode un peu plus chaque jour.
Mélenchon, le dynamisme tactique
À l’inverse, Jean-Luc Mélenchon ne cesse de se démener pour tenter de débloquer la situation. Multipliant les propositions chocs, comme un gouvernement d’union du Nouveau Front Populaire sans LFI ou un référendum pour dissoudre l’Assemblée, le leader Insoumis oblige tous les acteurs à réagir à ses initiatives. Une stratégie payante, qui le place au centre du jeu malgré un groupe parlementaire minoritaire.
Jean-Luc Mélenchon jette des pavés dans la mare.
– Guillaume Tabard, éditorialiste
En bousculant en permanence la table, Mélenchon fait valoir sa vision de “tribun du peuple” et met la pression sur un exécutif empêtré dans ses contradictions. Peu lui importent les critiques sur son “jusqu’au-boutisme” ou ses revirements, l’essentiel est de conserver la maîtrise de l’agenda et d’imposer ses thèmes. Un activisme qui semble porter ses fruits dans l’opinion.
Deux visions irréconciliables ?
La confrontation Macron-Mélenchon illustre deux conceptions antagonistes de la politique :
- D’un côté la recherche du compromis, quitte à donner le sentiment d’un certain immobilisme.
- De l’autre un volontarisme assumé, au risque de la posture et de la division.
Mais les deux approches ont aussi leurs limites. À trop attendre, Macron risque de laisser passer sa chance de rebondir. À trop brusquer, Mélenchon peut braquer ses potentiels alliés. C’est tout l’enjeu des prochaines semaines : trouver le bon équilibre entre dialogue et rapport de force, tractations de coulisses et coups d’éclat médiatiques.
Une chose est sûre, le duel Macron-Mélenchon risque de rythmer la vie politique pour de longs mois. Avec au bout, l’espoir d’un dénouement qui permette enfin au pays d’avancer. Mais d’ici là, les amateurs d’échecs politiques ont de quoi se régaler !