Samedi matin, vers 8h30, les habitants de La Grande Motte dans l’Hérault ont été réveillés par une violente explosion. Rapidement, les flammes et un épais panache de fumée noire ont envahi le ciel azur de cette station balnéaire réputée pour sa tranquillité. La synagogue de la ville venait d’être prise pour cible dans ce qui s’apparente à un acte criminel délibéré. Retour sur les faits et les derniers éléments de l’enquête.
Une attaque choquante en plein jour de shabbat
Peu avant l’explosion, les caméras de surveillance de la ville ont capté les images d’un individu en train d’incendier deux véhicules garés devant la synagogue Beth Yaacov. Selon les premiers éléments, le suspect était porteur d’un drapeau aux couleurs de l’autorité palestinienne et d’une arme de poing.
Le souffle de l’explosion provoquée par l’embrasement d’une des voitures, qui contenait une bouteille de gaz, a blessé un policier municipal intervenant sur les lieux. Fort heureusement, son pronostic vital n’est pas engagé. À l’intérieur de la synagogue, cinq personnes dont le rabbin étaient présentes pour célébrer le shabbat. Elles sont saines et sauves malgré le choc.
Un dispositif prémédité pour semer la terreur
Après l’explosion, deux départs de feu supplémentaires ont été constatés et maîtrisés par les pompiers au niveau des portes d’accès à l’édifice religieux. Le parquet national anti-terroriste (PNAT), qui a ouvert une enquête, précise que d’autres bouteilles de gaz se trouvaient déjà entreposées dans la cour de la synagogue avant les faits.
D’après les premiers éléments dont nous disposons, nous pouvons considérer que nous avons échappé à un drame absolu.
– Gabriel Attal, premier ministre démissionnaire, sur place près de la synagogue
Les forces de l’ordre mobilisées pour traquer le suspect
Très vite, un large périmètre de sécurité a été déployé autour de la synagogue. Plus de 200 policiers et gendarmes, épaulés par des démineurs, une équipe cynophile et des membres du GIGN, ont ratissé la zone à la recherche du suspect en fuite, armé et considéré comme dangereux.
Les enquêteurs de la police technique et scientifique ont investi les lieux pour relever toutes les traces et indices, tandis que des analyses étaient menées sur les restes des véhicules incendiés et les bouteilles de gaz retrouvées.
L’assaillant interpellé après une traque de 16 heures
Finalement, après une chasse à l’homme de près de 16 heures, le suspect a été interpellé samedi soir à 23h35 à Nîmes dans le Gard, lors d’une opération menée par le RAID.
Selon le PNAT, l’homme a ouvert le feu sur les policiers lors de son interpellation avant d’être neutralisé. Blessé au visage, il a été hospitalisé. Sa garde à vue débutera quand son état de santé le permettra. Deux personnes de son entourage ont également été placées en garde à vue.
La communauté juive sous le choc, les politiques appellent à l’unité
Cet acte, qui porte indéniablement la marque d’un attentat antisémite, a suscité une vague d’indignation unanime dans la classe politique. De passage sur place, le premier ministre démissionnaire Gabriel Attal et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont tenu à témoigner leur soutien à la communauté juive, durement éprouvée.
En réponse, Gérald Darmanin a annoncé un renforcement de la sécurité autour des lieux de culte juifs dans tout le pays. Une mesure saluée mais qui en dit long sur la menace persistante que fait peser l’antisémitisme en France.
Cette attaque soulève une nouvelle fois la question de la montée des actes antijuifs dans l’hexagone ces dernières années. Un phénomène qui, s’il n’est pas nouveau, prend une tournure de plus en plus violente et décomplexée comme en témoigne le mode opératoire employé à La Grande Motte, digne des attentats terroristes.
Les prochains jours s’annoncent décisifs pour déterminer le profil et les motivations exactes du suspect interpellé. Les autorités devront faire toute la lumière sur cette attaque qui aurait pu virer au drame, tout en rassurant une communauté juive en état de choc. Un défi majeur à l’heure où la France s’apprête à commémorer les 10 ans des attentats de Mohamed Merah.