Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine il y a deux ans et demi, l’Allemagne s’est imposée comme le premier contributeur européen à l’effort militaire de Kiev, juste derrière les États-Unis. Mais cette semaine, une annonce de Berlin vient jeter le trouble : le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a décidé de réduire de moitié l’an prochain la somme allouée aux aides militaires bilatérales destinées à l’Ukraine, en quête d’économies budgétaires.
Une “mauvaise nouvelle” pour Josep Borrell
Cette décision a immédiatement suscité l’inquiétude au plus haut niveau européen. Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, l’a qualifiée vendredi de “très inquiétante” et de “mauvaise nouvelle”. Il a souligné que “pour l’instant”, ce que fait l’UE pour aider l’Ukraine à résister à la Russie “est fait principalement par l’Allemagne”.
Dans la pratique, le pays qui soutient le plus l’Ukraine, en termes absolus, c’est l’Allemagne. De loin. Beaucoup, beaucoup plus que la France.
– Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE
Même si le chancelier Scholz a tenté de rassurer Kiev en affirmant que Berlin “est et reste le premier soutien de l’Ukraine en Europe”, il n’est visiblement pas parvenu à faire disparaître l’inquiétude provoquée par la décision de son gouvernement, à un moment charnière du conflit.
Une visite historique de Modi à Kiev
Cette annonce intervient alors que le Premier ministre indien Narendra Modi effectue une visite inédite à Kiev ce vendredi, lors de laquelle il a réitéré son appel à un règlement pacifique du conflit. Une visite “très symbolique et historique” selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à un moment où un règlement diplomatique semble difficile entre la Russie et l’Ukraine.
L’Inde tente de maintenir un équilibre délicat entre la Russie, avec laquelle elle a noué de solides liens, et les nations occidentales qui soutiennent Kiev, avec lesquelles elle cherche un rapprochement pour contrer la Chine, son rival régional. “Nous nous sommes tenus à l’écart de la guerre avec beaucoup de conviction. Cela ne signifie pas que nous étions indifférents”, a expliqué Modi.
Huit civils tués dans des frappes russes
Sur le terrain, l’intensité des combats ne faiblit pas. Des frappes russes ont provoqué la mort de huit civils dans quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine vendredi, selon les autorités ukrainiennes :
- Deux personnes tuées dans la région frontalière de Soumy
- Deux civils morts dans la région de Kharkiv
- Un mort dans la région de Donetsk
- Deux personnes tuées à Kherson et ses environs
Ces attaques surviennent alors que l’Ukraine mène une contre-offensive d’une ampleur sans précédent depuis plus de deux semaines dans la région de Kherson, tentant de repousser les forces russes vers l’est.
L’Allemagne à un tournant
La décision de Berlin de réduire son aide militaire à Kiev soulève donc de nombreuses questions à un moment crucial du conflit. Si l’Allemagne reste officiellement déterminée à soutenir l’Ukraine, ce choix budgétaire envoie un signal troublant quant à sa volonté et sa capacité à maintenir son engagement dans la durée.
Un recul qui pourrait aussi impacter la cohésion européenne sur ce dossier, alors que la guerre entre dans une phase décisive avec la contre-offensive ukrainienne. Les prochaines semaines seront déterminantes pour voir si l’Allemagne confirme ce virage, et quelles en seront les conséquences pour le soutien occidental à Kiev dans son combat contre Moscou.
