Le choix d’Alain Delon de confier ses obsèques à Mgr Jean-Michel Di Falco ne passe pas inaperçu. L’ancien évêque de Gap, connu pour ses initiatives hors des clous et ses amitiés people, est visé depuis plus de 20 ans par des accusations d’agressions sexuelles. Une polémique posthume dont la légende du cinéma français se serait bien passée.
Un prélat médiatique au passé trouble
Figure atypique de l’Église, Mgr Di Falco, 82 ans, a marqué les esprits par ses initiatives décalées lorsqu’il était à la tête du diocèse de Gap de 2003 à 2017. De l’exposition d’un Christ en chaise électrique dans sa cathédrale au lancement du groupe de prêtres chanteurs “Les Prêtres”, l’évêque aimait bousculer les codes. Mais c’est surtout son goût pour la jet-set qui lui a valu le surnom d'”évêque des petits fours”.
Mgr Di Falco traîne aussi depuis 2001 une plainte pour viol et agressions sexuelles déposée par un ancien élève du collège parisien où il enseignait dans les années 70. Si l’affaire a été classée au pénal, la procédure au civil est toujours en cours. Un boulet judiciaire embarrassant au moment d’apparaître sous le feu des projecteurs pour les obsèques d’une icône du 7ème art.
L’aumônier des stars
Ce n’est pas la première fois que Mgr Di Falco officie pour les obsèques d’une célébrité. Il a déjà présidé celles, très privées, de Valéry Giscard d’Estaing en 2020, ainsi que celles de nombreux acteurs et chanteurs comme Jean-Claude Brialy ou Charles Trenet. Un carnet d’adresses bien rempli qui lui a permis de tisser au fil des années ce qu’il appelle une “chaîne d’amitié”.
J’étais étiqueté mondain, ce qui est faux
Mgr Di Falco en 2004
Malgré ses dénégations, l’évêque à la retraite continue de cultiver ses relations dans le show-business. Dernièrement, il a célébré en 2015 le mariage du chanteur Pascal Obispo. Des connections qui font jaser au moment où il s’apprête à présider la cérémonie d’adieu à Alain Delon.
Delon “voulait que ce soit lui”
C’est dans la stricte intimité que le monstre sacré du cinéma français sera inhumé samedi, en présence d’une quarantaine de proches, dans la chapelle de sa propriété de Douchy. Un dernier hommage sobre et discret, à l’image de l’acteur. Mais qui n’échappe pas à la polémique en raison de la personnalité clivante choisie pour le présider.
“Alain Delon voulait que ce soit lui, Mgr Di Falco, qui célèbre la cérémonie” assure Anthony Delon. Un choix surprenant de la part de celui qui se disait athée. Mais pas incohérent pour autant quand on connaît les liens tissés de longue date entre la star et l’ancien évêque de Gap, accoutumé à côtoyer le gotha.
Dernier scandal pour la route
On imagine qu’Alain Delon aurait préféré un autre épilogue que ces grincements de dents suscités par le choix du prélat sulfureux pour ses adieux. Lui qui contrôlait son image jusqu’au bout ne échappera pas à cette ultime polémique.
L’ironie veut que ce soit Mgr Di Falco lui-même qui ait le mot de la fin. Celui qui déclarait en 2004 “On a dit que j’étais l’évêque des people. C’est faux, je suis l’évêque de tous” aura l’occasion samedi de prouver qu’il n’est pas seulement celui des stars, mais aussi celui d’un public attentif aux moindres faux pas de l’Église.