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80 marques s’engagent à afficher l’origine de leurs ingrédients, mais est-ce vraiment transparent ?

Vous souhaitez en savoir plus sur la provenance des ingrédients de vos produits alimentaires préférés ? Bonne nouvelle, 80 marques et distributeurs se sont engagés à jouer la carte de la transparence en signant la charte “Origin’info”. Mais attention, tout n’est pas aussi limpide qu’il n’y paraît…

Origin’info : l’étiquetage de l’origine enfin généralisé ?

Présenté ce vendredi 24 mai par le gouvernement, le nouveau logo Origin’info a pour ambition d’informer les consommateurs sur l’origine géographique des principales matières premières agricoles composant les aliments transformés. Quatre-vingts marques, des plus connues aux PME, ont accepté de jouer le jeu de cet affichage volontaire, qui pourrait concerner plus de 10 000 références d’ici fin 2023 selon le ministère.

L’objectif est double : permettre plus de transparence auprès des consommateurs de plus en plus soucieux de la traçabilité, mais aussi lutter contre certaines pratiques trompeuses, comme apposer un drapeau français sur un produit transformé dans l’hexagone mais n’incorporant aucun ingrédient tricolore. Une manœuvre marketing malheureusement courante jusqu’ici.

Un affichage à la carte pour les industriels

Si l’initiative est louable sur le papier, sa mise en œuvre s’annonce beaucoup plus nuancée. En effet, Origin’info restera facultatif pour les marques, afin de respecter le droit européen. De plus, les modalités d’affichage laissent une large marge de manœuvre aux industriels participants :

  • Possibilité d’indiquer la provenance pour seulement certains ingrédients
  • Choix d’afficher ou non les proportions de chaque origine
  • Simple mention du pays de dernière transformation, sans détailler les ingrédients
  • Renvoi vers les infos par QR code, sans rien sur l’emballage

Bref, c’est un peu la transparence à géométrie variable. Les associations de consommateurs saluent la démarche mais déplorent son caractère non contraignant. Elles pointent aussi le fait que scanner un QR code en magasin n’est pas pratique pour tout le monde.

Près du quart des consommateurs n’ont pas de smartphone.

Olivier Andrault, UFC-Que Choisir

Le drapeau français n’est pas un gage de “Made in France”

Le point positif, c’est que les signataires de la charte Origin’info s’engagent à n’utiliser le drapeau français sur leurs emballages que si l’ingrédient primaire est bien originaire de France, et ce jusqu’à la matière première agricole. Fini donc les pâtes “bleu-blanc-rouge” dont le blé viendrait d’Ukraine ou du Canada.

Mais là encore, des questions demeurent. Quid des produits contenant de multiples ingrédients d’origines diverses ? Le drapeau sera-t-il apposé dès qu’un seul d’entre eux est français, même ultra-minoritaire ? Les contrôles seront-ils suffisants pour éviter les abus et garantir la bonne foi des industriels ?

Transparence ou greenwashing alimentaire ?

Si l’affichage de l’origine est une attente forte des consommateurs, il faudra juger Origin’info à l’usage. Ce logo deviendra-t-il un véritable outil d’information sincère et complet, ou servira-t-il surtout de caution “transparence” à des marques pratiquant l’opacité par ailleurs ? Affaire à suivre dans nos rayons.

Une chose est sûre : au-delà des promesses, c’est bien un étiquetage obligatoire, harmonisé et vraiment transparent sur l’origine comme sur la qualité qui fait encore défaut aujourd’hui. Espérons que les pouvoirs publics et l’Europe sauront aller plus loin qu’Origin’info pour répondre à cette demande légitime des citoyens.

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