L’Écosse se retrouve une nouvelle fois confrontée à une crise sanitaire majeure : après deux années de relative accalmie, le nombre de décès liés à la drogue est reparti à la hausse en 2023, avec une augmentation brutale de 12% par rapport à l’année précédente. 1172 personnes ont ainsi perdu la vie des suites d’une overdose l’an dernier, principalement due aux opioïdes, replongeant le pays dans les affres d’un fléau qu’il peine à endiguer depuis des années.
Une mortalité record en Europe
Malgré sa petite taille, l’Écosse détient le triste record de la mortalité liée aux drogues en Europe. Selon certaines études, le taux de décès par overdose y est 2,7 fois plus élevé qu’en Angleterre. Un constat alarmant qui met en lumière l’ampleur de la crise traversée par le pays et l’urgence d’une réponse politique à la hauteur des enjeux.
Un fléau qui frappe les plus précaires
La corrélation entre pauvreté et addiction est frappante en Écosse : les habitants des zones les plus défavorisées ont 15 fois plus de risques de mourir d’une overdose que ceux des quartiers les plus aisés. Un constat qui souligne l’importance de s’attaquer aux racines sociales et économiques de cette crise sanitaire.
Nous allons intensifier nos efforts et travaillons d’arrache-pied pour réagir à la menace croissante que constituent les opioïdes de synthèse très dangereux et très forts comme les nitazènes.
– Neil Gray, ministre écossais de la Santé
Opioïdes et polyaddictions, cocktail mortel
Si les opioïdes comme l’héroïne ou la méthadone restent les substances les plus meurtrières, responsables de 80% des décès, c’est bien souvent en association avec d’autres drogues qu’elles font des ravages. Plus de 80% des overdoses mortelles impliquent la prise de plusieurs substances, comme les benzodiazépines (+58%) ou la cocaïne (+41%).
Des efforts à poursuivre
Face à l’urgence de la situation, le gouvernement écossais a promis d’intensifier sa lutte contre ce fléau et de s’attaquer en priorité aux drogues de synthèse, comme les nitazènes, 500 fois plus puissants que la morphine. Des efforts qui devront s’accompagner d’une véritable politique de réduction des risques, de prise en charge des addictions et de lutte contre la précarité s’ils veulent endiguer durablement cette crise majeure de santé publique.
L’Écosse se retrouve ainsi à un tournant crucial de sa lutte contre les addictions : saura-t-elle trouver les ressources et la volonté politique pour enrayer cette spirale mortifère et offrir un avenir meilleur aux populations les plus touchées par ce fléau ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : chaque vie perdue est un drame de trop.