Qui aurait cru qu’un vénérable porte-avions soviétique finirait sa vie dans les flammes, non pas au combat, mais reconverti en attraction touristique sur les côtes chinoises ? C’est pourtant le destin étonnant qui a frappé le Minsk, ce géant des mers de 41 000 tonnes, ravagé par un spectaculaire incendie le week-end dernier dans le port de Nantong.
Du fleuron de la marine soviétique à l’attraction touristique
Mis en service en 1978 dans la marine soviétique, le Minsk a d’abord été déployé loin de ses bases de la mer Noire, dans la flotte du Pacifique. À cette époque, l’URSS cherche à se doter d’une force aéronavale capable de rivaliser avec les États-Unis. Le Minsk et ses sister-ships représentent cette ambition, même s’ils restent technologiquement en deçà des supercarriers américains.
Mais avec la chute de l’Union soviétique au début des années 1990, l’avenir du Minsk est compromis. Un incident technique en 1993 précipite son retrait du service actif. Après de multiples rebondissements, le navire est finalement racheté par la Chine en 1998 pour être transformé en parc à thème à Shenzhen, puis à Nantong à partir de 2016.
Un incendie dévastateur
C’est là que le destin rattrape le Minsk sous la forme d’un incendie dévastateur. Vendredi dernier, un violent sinistre se déclare à bord, ravageant une bonne partie des superstructures. Les flammes mettront près de 24 heures à être maîtrisées, laissant le navire gravement endommagé.
C’est dommage qu’un incendie ait rendu les perspectives de ce projet pleines de trop d’incertitudes.
– Un responsable chinois à la radio nationale
Le Minsk était en réparation pour redevenir une attraction touristique. Ironie du sort, c’est ce qui aura précipité sa perte. Les autorités chinoises restent pour l’heure muettes sur les causes du sinistre et l’avenir du navire parait plus qu’incertain.
Un symbole qui part en fumée
Plus qu’un simple navire, c’est un pan de l’histoire qui part en fumée avec le Minsk. Symbole de la puissance navale soviétique, puis curiosité touristique improbable, son destin illustre à merveille les bouleversements géopolitiques qui ont secoué le monde depuis la fin de la Guerre Froide.
Aujourd’hui, c’est la Chine qui s’affirme comme une grande puissance navale, construisant ses propres porte-avions dernier cri pendant que les reliques de la flotte soviétique achèvent de rouiller. L’incendie du Minsk apparaît finalement comme une métaphore frappante de ce basculement historique.