Au Venezuela, la crise politique s’intensifie. Ce samedi 17 août, les partisans de l’opposition se sont rassemblés massivement dans les rues de Caracas pour réclamer la victoire de leur candidate Maria Corina Machado face au président sortant Nicolas Maduro, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de juillet. Drapeaux et procès-verbaux électoraux à la main, la foule exige la vérité des urnes.
Maria Corina Machado sort de la clandestinité pour mener la contestation
Malgré la répression et les menaces, l’opposition ne renonce pas. Sa cheffe de file Maria Corina Machado, qui vivait dans la clandestinité depuis deux semaines, a fait une apparition remarquée à la manifestation de Caracas. Déterminée, elle a lancé à la foule :
Nous n’abandonnerons pas la rue… Avec intelligence, prudence, résilience, audace et pacifiquement, car la violence leur convient… La contestation pacifique est notre droit.
– Maria Corina Machado
L’opposition vénézuélienne affirme avoir les preuves de sa victoire, via les procès-verbaux des bureaux de vote récupérés par ses scrutateurs. Selon elle, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia aurait remporté 67% des voix, loin devant Nicolas Maduro. Mais le Conseil national électoral (CNE) a proclamé début août la réélection du président sortant avec 52%, sans fournir de décompte détaillé ni de procès-verbaux.
L’opposition exige la transparence et la vérité des urnes
Pour les manifestants, il est temps d’honorer les morts, les vies perdues à cause d’un gouvernement criminel qui veut s’accrocher coûte que coûte au pouvoir. Alejandra, une enseignante de 47 ans, confie :
Je sors aujourd’hui pour récupérer ce qui m’appartient. J’ai très peur, mais cette peur me fait marcher, elle ne me paralyse pas.
– Alejandra, manifestante
Les rassemblements pro-opposition ont lieu dans tout le Venezuela mais aussi dans plus de 300 villes à l’étranger, de Sydney à Miami en passant par Madrid, Paris ou Montréal. La diaspora vénézuélienne se mobilise massivement pour soutenir le changement démocratique.
La communauté internationale exprime ses doutes
De son côté, le pouvoir chaviste organise aussi une “grande marche pour la paix” à Caracas. Le président Maduro balaie les critiques venues de l’étranger. Pourtant, l’Union européenne, l’Organisation des États américains, le Brésil et 22 autres pays ont publié vendredi des déclarations demandant la publication des fameux procès-verbaux électoraux. Une grande partie de la communauté internationale se montre sceptique sur la réalité de la victoire de Nicolas Maduro annoncée par le CNE.
Quel avenir pour la démocratie vénézuélienne ?
Alors que le Venezuela s’enfonce dans une grave impasse politique, plusieurs questions se posent :
- L’opposition parviendra-t-elle à faire reconnaître sa victoire revendiquée ?
- Le régime de Nicolas Maduro acceptera-t-il la transparence et la vérité des urnes ?
- Quelle sera la réaction de l’armée, pilier du système chaviste ?
- Comment éviter l’escalade de la violence et une guerre civile ?
L’avenir de la démocratie vénézuélienne est en jeu. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si une transition pacifique est encore possible ou si le Venezuela sombrera dans le chaos. La communauté internationale, notamment les pays voisins, suit la situation avec inquiétude. Une médiation extérieure et des pressions diplomatiques seront sans doute nécessaires pour tenter de sortir le pays de l’ornière.
Une chose est sûre : le peuple vénézuélien, après des années de crise économique, sociale et politique, aspire plus que jamais au changement et à des élections libres et transparentes. Reste à savoir si les revendications démocratiques de la rue l’emporteront sur la logique du rapport de force et de la répression menée par le régime de Nicolas Maduro. Les manifestations massives de ce samedi 17 août montrent en tout cas que l’opposition n’a pas dit son dernier mot.