Le marché pétrolier traverse une zone de turbulences. Les cours du brut ont nettement fléchi ce vendredi, plombés par les inquiétudes persistantes concernant la demande mondiale. Entre stocks américains en hausse, indicateurs chinois moroses et tensions géopolitiques, les perspectives s’assombrissent pour l’or noir. Décryptage de ce repli qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà des marchés de l’énergie.
Les réserves américaines de brut en forte hausse
Premier facteur de pression sur les prix : l’augmentation inattendue des stocks de pétrole brut aux États-Unis. Selon les données publiées mercredi par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), les réserves commerciales de brut ont progressé de 1,4 million de barils la semaine dernière, à 430,7 millions de barils. Une hausse qui va à l’encontre des prévisions des analystes qui tablaient sur une baisse de 2 millions de barils.
Cette augmentation surprise des stocks suggère un ralentissement de la demande dans la première économie mondiale. Un signal négatif pour le marché pétrolier, d’autant plus préoccupant qu’il met fin à une série de six semaines consécutives de baisse des réserves américaines.
La Chine inquiète avec des indicateurs économiques décevants
Autre sujet d’inquiétude : le ralentissement de l’économie chinoise, premier importateur mondial de pétrole. Pékin a publié jeudi une série d’indicateurs économiques jugés décevants pour le mois de juillet. La production industrielle a ainsi progressé de seulement 5,1% sur un an, son rythme le plus faible depuis mars. Les ventes de détail et les investissements ont également déçu.
Des données qui font craindre un essoufflement de la reprise post-Covid en Chine et donc un coup de frein sur la demande de brut. D’autant que les activités de raffinage de pétrole du géant asiatique ont été nettement réduites en juillet, selon les analystes de Commerzbank.
Les données macroéconomiques chinoises restent au mieux incertaines.
– Les analystes de DNB
Les tensions géopolitiques toujours en toile de fond
Si les fondamentaux économiques pèsent sur les cours, le marché pétrolier reste également suspendu à l’évolution des tensions géopolitiques, notamment au Moyen-Orient. De nouvelles discussions se sont tenues vendredi à Doha en vue de parvenir à une trêve dans la bande de Gaza. Elles doivent se poursuivre la semaine prochaine au Caire.
Une escalade du conflit pourrait perturber l’approvisionnement en brut de la région et faire repartir les prix à la hausse. Mais pour l’heure, c’est bien la dégradation des perspectives de la demande qui prend le dessus et maintient les cours du brut sous pression.
Quelles conséquences pour les prix à la pompe ?
Les automobilistes pourraient bénéficier à court terme de ce repli des cours du brut. Si la tendance se confirme, elle devrait en effet se traduire par une baisse des prix des carburants dans les stations-service. De quoi soulager un peu le pouvoir d’achat des ménages, mis à mal par la hausse des prix de l’énergie ces derniers mois.
Mais attention, cette accalmie pourrait n’être que de courte durée. Si les craintes sur la demande venaient à s’estomper ou si les tensions géopolitiques s’intensifiaient, les cours du brut pourraient rapidement repartir de plus belle. La volatilité reste de mise sur le marché pétrolier.