Lorsqu’une ONG turque soutenue et financée par l’Union européenne décide de rendre un vibrant hommage à Ismaïl Haniyeh, le chef récemment décédé du groupe islamiste palestinien Hamas, les questions fusent. Quels liens unissent certaines organisations humanitaires à l’islamisme politique ? L’Europe finance-t-elle, parfois sans le savoir, la promotion d’idéologies radicales ? Plongeons dans les détails troublants de cette affaire qui soulève le voile sur un réseau d’influence méconnu.
Un “martyr” célébré par une ONG pro-européenne
Le 2 août dernier, quelques jours après l’annonce de la mort d’Ismaïl Haniyeh dans une frappe israélienne en Iran, la section jeunesse de l’ONG turque Al Sharq Forum lui rendait un hommage appuyé. Sur les réseaux sociaux, l’organisation appelait à “rendre un dernier hommage” à celui qu’elle qualifie de “martyr”, affirmant avoir “un engagement” envers l’ancien leader du Hamas.
Une prise de position surprenante de la part d’une ONG soutenue et financée par l’Union européenne. Entre 2021 et 2023, pas moins de 110 279 euros de fonds européens, via le programme Erasmus+, ont été versés à la branche jeunesse de l’organisation pour différents projets. Un soutien financier conséquent qui pose question au vu des accointances affichées avec un mouvement classé comme terroriste par l’UE.
Le profil controversé du fondateur d’Al Sharq
Pour mieux comprendre les orientations de l’ONG turque, il faut se pencher sur le parcours de son fondateur et actuel dirigeant, le palestinien Wadah Khanfar. Ancien directeur général de la chaîne qatarie Al Jazeera, réputée proche des Frères musulmans, il a lui-même reconnu dans une interview en 2006 “appartenir à l’Oumma” et à “son héritage collectif”, tout en niant une affiliation directe à l’organisation islamiste.
Malgré ce positionnement ambigu et une volonté assumée de promouvoir l’islam politique, Al Sharq Forum a bénéficié d’importants financements européens ces dernières années. Un soutien qui interroge sur les critères et la vigilance des institutions de l’UE dans l’attribution des fonds.
L’Europe, complice involontaire de l’islamisme ?
Au-delà du cas d’Al Sharq, d’autres ONG proches de la mouvance islamiste, comme le Forum of European Muslim Youth and Student Organisations (FEMYSO), ont pu profiter de généreuses subventions européennes. Un financement parfois destiné à “amplifier l’impact” de leurs initiatives, y compris via des partenariats avec des organisations aux idées radicales.
Face à ces dérives, il apparaît urgent pour l’Union européenne de renforcer le contrôle sur l’utilisation de ses fonds et d’éviter de se rendre complice, même involontairement, de la diffusion d’idéologies extrémistes. Une vigilance accrue s’impose pour s’assurer que l’argent des contribuables européens ne serve pas, sous couvert d’actions humanitaires ou éducatives, à financer les réseaux de l’islamisme politique.
Les institutions européennes doivent être intransigeantes sur les valeurs qu’elles soutiennent et ne pas se laisser berner par des discours en apparence modérés.
Un expert en radicalisation qui a préféré garder l’anonymat
L’hommage rendu par une ONG financée par l’Europe à un leader islamiste est un signal d’alarme. Il révèle les ambiguïtés et les failles d’un système de financement qui doit être revu en profondeur. Aux décideurs européens de prendre les mesures qui s’imposent pour s’assurer que les associations soutenues agissent en conformité avec les principes et les valeurs de l’Union.
Car au-delà des enjeux financiers, c’est une question de cohérence et de crédibilité pour le projet européen. À l’heure où la lutte contre la radicalisation et le séparatisme est érigée en priorité, il serait incompréhensible que l’Europe apporte, même indirectement, son soutien à ceux qui sapent ses fondements. La vigilance est de mise pour que les bonnes intentions ne mènent pas aux pires dérives.