Imaginez ne pas avoir de nouvelles de votre enfant pendant des mois. C’est le cauchemar vécu par Jennifer Pailhé, maman d’Assia, 14 ans, happée dans l’engrenage de la prostitution infantile suite à des fugues répétées. Un drame loin d’être isolé selon la fondation Droit d’enfance, qui tire la sonnette d’alarme dans son dernier rapport annuel sur la hausse inquiétante des fugues liées à l’exploitation sexuelle des mineurs.
10 000 enfants victimes de prostitution en France
Les chiffres sont glaçants. Actuellement, près de 10 000 mineurs seraient contraints de se prostituer sur le territoire français. Un fléau en augmentation constante ces dernières années, aggravé par les fugues d’adolescents vulnérables. Attirés par de fausses promesses d’amour, manipulés par des prédateurs sans scrupules, ces jeunes en quête d’affection se retrouvent prisonniers des réseaux de proxénétisme.
Les fugues sont devenues la porte d’entrée principale vers la prostitution des mineurs. Des adolescents fragilisés qui, en fuguant, tombent dans les griffes de proxénètes n’attendant que ça.
– Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes
Des prédateurs à l’affût sur les réseaux sociaux
Avec l’essor du numérique, les recruteurs ont investi massivement les réseaux sociaux pour cibler leurs proies. Comme l’explique Ernestine Ronai, «les fugueurs sont une aubaine pour eux. Des ados en rupture familiale, qui cherchent une épaule sur qui s’appuyer. Ils leur font miroiter monts et merveilles avant de les enfermer dans la prostitution.» Un engrenage dont il est difficile de s’extirper, les jeunes victimes étant souvent trop honteuses ou apeurées pour demander de l’aide.
L’influence néfaste des “loverboys”
Parmi les techniques de manipulation employées, le phénomène des “loverboys” inquiète particulièrement les associations. Ces hommes, souvent à peine plus âgés que leurs victimes, les séduisent en jouant le grand amour avant de les contraindre à se prostituer. Un processus d’emprise psychologique dévastatrice, comme l’a vécu Assia pendant de longs mois.
- Fausse histoire d’amour pour attirer la victime
- Isolement progressif de l’entourage
- Pression psychologique et chantage affectif
- Menaces et violences pour soumettre
Les JO 2024, un risque d’explosion des cas
Avec l’approche des Jeux Olympiques de Paris en 2024, les associations redoutent une intensification du fléau. Les grandes compétitions sportives internationales sont en effet connues pour être des moments propices à l’exploitation sexuelle, la demande explosant avec l’afflux de visiteurs. Un contexte inquiétant qui pourrait faire bondir le nombre d’enfants victimes de prostitution en France.
Sans une prise de conscience et des mesures fortes des autorités, on risque une véritable déferlante de mineurs exploités durant les JO. Il faut agir vite !
– Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique
Intensifier la prévention et la répression
Face à l’urgence de la situation, les associations appellent à un sursaut des pouvoirs publics. Au programme : davantage de prévention auprès des jeunes et des familles sur les réseaux sociaux, un meilleur repérage des situations à risque, un accompagnement renforcé des mineurs fugueurs, et une répression accrue des proxénètes avec des peines plus lourdes. Seule une mobilisation générale permettra d’enrayer cette spirale infernale qui brise des milliers de vies.
La prostitution des mineurs, terreau de traumatismes et de souffrances sur le long terme, est une atteinte intolérable aux droits fondamentaux de l’enfant. Une violation de leur dignité et de leur intégrité qui appelle une réponse ferme de la société toute entière. Car chaque enfance volée par les réseaux, c’est une part d’humanité qui s’éteint en nous. Mobilisons-nous, il y a urgence !