Alors que les derniers feux d’artifice des Jeux Olympiques de Paris s’éteignent à peine, les Parisiens se réveillent déjà avec la gueule de bois. Pendant deux semaines, portée par l’euphorie olympique, la capitale a vécu dans un rêve éveillé. Mais maintenant que les athlètes et les touristes sont repartis, que les décorations sont rangées, la réalité reprend ses droits. Et elle risque d’être brutale.
De l’euphorie au désenchantement
Pendant la quinzaine olympique, les Parisiens ont redécouvert une ville propre, sûre et accueillante. Une parenthèse enchantée savamment orchestrée par la maire Anne Hidalgo, bien décidée à faire oublier des années de gestion controversée. En deux semaines, exit les critiques sur la saleté, l’insécurité ou les bouchons. Portée par l’enthousiasme des Jeux, la maire a su jouer sur tous les tableaux pour redorer son blason à deux ans des municipales.
De la combinaison en néoprène au plongeon dans la Seine à la robe Dior pour la cérémonie de clôture, Anne Hidalgo aura marqué ces Jeux Olympiques de son empreinte. Retour gagnant ou feu de paille ? Réponse en 2026. #Paris2024
— J. Jarrassé (@jimjarrasse) March 25, 2024
Le retour des problèmes de fond
Mais l’été indien ne durera pas. Déjà, les premiers signes d’un retour à la normale se font sentir. Embouteillages, incivilités, trottoirs jonchés de déchets… Les maux chroniques de la capitale n’ont pas disparu comme par magie. Pire, ils pourraient même s’aggraver avec la fin des Jeux et le départ des renforts de police et de nettoyage. Sans parler de l’addition salée qui attend les contribuables.
L’épineuse question de la sécurité
La sécurité sera sans doute le premier défi d’Anne Hidalgo. Avec des effectifs policiers exceptionnels pendant les JO, Paris a connu une accalmie sur le front de la délinquance. Mais les voyous n’ont pas dit leur dernier mot. Dans certains quartiers, riverains et commerçants redoutent déjà un retour en force des trafics et des incivilités dès le départ des forces de l’ordre. Un véritable test pour la maire, régulièrement accusée de laxisme sur ces questions.
Les JO c’était bien, mais maintenant les dealers et les pickpockets vont revenir en force. La mairie doit agir vite si elle ne veut pas que la situation dégénère à nouveau.
Un commerçant parisien
Des transports toujours sous tension
Autre point noir qui risque vite de revenir sur le devant de la scène : les transports. Certes, pendant les Jeux, bus, métros et RER ont fait des miracles pour transporter athlètes, officiels et spectateurs aux quatre coins de la capitale. Mais cette performance a un prix : des travaux de maintenance repoussés, des agents surmenés, des usagers excédés par des mois de galère. Autant de bombes à retardement dont Anne Hidalgo devra se débrouiller dans les mois qui viennent.
- Vétusté des infrastructures
- Manque de personnel
- Dégradation du service
- Hausse de la fréquentation
Sans parler des grands chantiers comme le prolongement d’Eole ou le métro du Grand Paris, attendus de pied ferme par des millions de banlieusards mais qui accumulent déjà les retards et les surcoûts. Autant de casse-têtes en perspective pour la maire et son équipe.
La propreté, l’autre grand défi
Longtemps décriée pour sa saleté, Paris avait sorti le grand jeu pendant les JO : brigades de nettoyage renforcées, verbalisation des incivilités, opérations coup de poing… Mais ces efforts seront-ils pérennes ? Rien n’est moins sûr. Car le problème est profond : manque de personnel, de coordination, de moyens financiers… Et surtout, des mauvaises habitudes solidement ancrées chez certains usagers peu scrupuleux.
Pendant les Jeux, c’était nickel, on avait l’impression de vivre dans une autre ville. Mais depuis lundi, les poubelles débordent à nouveau et les gens recommencent à jeter leurs mégots et leurs papiers par terre. C’est reparti comme avant, hélas.
– Une habitante du 18ème arrondissement
Garder le cap jusqu’en 2026
Pour Anne Hidalgo, l’enjeu est donc de taille : comment capitaliser sur l’élan des JO et éviter un brutal retour à la case départ ? Car dans deux ans, ce sont les Parisiens qui repasseront aux urnes. Et leur jugement risque d’être sévère s’ils ont l’impression d’avoir été floués.
D’ici là, la maire va devoir redoubler d’efforts et d’imagination pour montrer que le Paris des JO n’était pas qu’une belle vitrine, mais le début d’une nouvelle ère. Cela passera par des mesures fortes sur la sécurité, la propreté, les transports, mais aussi par une méthode nouvelle, plus à l’écoute des citoyens. Un vrai défi pour cette élue qui suscite autant d’espoirs que de critiques.
Alors, feu de paille ou véritable tournant ? Réponse dans deux ans, dans les urnes. D’ici là, Anne Hidalgo va devoir faire des étincelles pour garder la flamme olympique allumée dans le cœur des Parisiens. La partie ne fait que commencer.
