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La croissance britannique ralentit au 2e trimestre 2024

Malgré une croissance robuste au 1er semestre 2024, le Royaume-Uni enregistre un léger ralentissement entre avril et juin. Quelles en sont les causes et quelles mesures le nouveau gouvernement travailliste compte-t-il prendre pour stimuler l'économie britannique ?

L’économie britannique a marqué le pas au deuxième trimestre 2024, enregistrant une croissance de 0,6% entre avril et juin, selon les dernières données publiées par l’Office national des statistiques (ONS). Si ce chiffre reste solide et conforme aux attentes des analystes, il marque néanmoins un léger ralentissement par rapport au premier trimestre où le PIB avait bondi de 0,7%.

Une reprise post-récession qui s’essouffle

Après être tombée en récession au second semestre 2023, l’économie du Royaume-Uni a rebondi en ce début d’année 2024, portée notamment par le dynamisme du secteur des services, des technologies et de la recherche scientifique. Mais ce rebond semble déjà s’essouffler, laissant présager un ralentissement plus marqué pour la suite de l’année.

Plusieurs facteurs expliquent cette perte de vitesse. D’abord, la hausse des taux d’intérêt décidée par la Banque d’Angleterre pour juguler l’inflation pèse sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Ensuite, les incertitudes persistantes liées au Brexit continuent de freiner les échanges commerciaux avec l’Union européenne. Enfin, la conjoncture internationale morose, marquée par les tensions géopolitiques et le spectre d’une récession mondiale, n’incite guère à l’optimisme.

Un nouveau gouvernement face à des défis budgétaires

Arrivé au pouvoir en mai dernier, le gouvernement travailliste de Keir Starmer hérite d’une situation économique complexe. La ministre des Finances Rachel Reeves a ainsi découvert un “trou” de 22 milliards de livres dans les finances publiques laissé par les conservateurs. Pour le combler, des hausses d’impôts ou des coupes dans les dépenses seront probablement inévitables, malgré les promesses de campagne.

“Le nouveau gouvernement ne se fait aucune illusion sur les difficultés dont nous avons hérité”

a déclaré la Chancelier de l’Échiquier Rachel Reeves

Un premier grand oral budgétaire est prévu le 30 octobre prochain. Il sera scruté de près par les marchés qui attendent des signaux forts en matière de réduction des déficits. Mais le Labour devra aussi tenir ses engagements de relance de la croissance et des services publics. Un difficile équilibre à trouver.

Des prévisions de croissance revues à la baisse

Si le ralentissement du deuxième trimestre est pour l’instant mesuré, les perspectives pour la suite de l’année sont plus préoccupantes. La plupart des économistes tablent désormais sur une croissance anémique voire une stagnation au second semestre, en raison de la faiblesse attendue de la consommation des ménages, principal moteur de l’économie britannique.

  • La Banque d’Angleterre prévoit une croissance de seulement 0,5% en 2024
  • Le FMI table sur une quasi-stagnation à 0,3% cette année
  • L’OCDE est un peu plus optimiste avec 0,7% attendu

Malgré un marché du travail qui reste dynamique, avec un taux de chômage au plus bas depuis 1974 (3,8%), les salaires peinent à suivre l’inflation, qui a certes ralenti mais reste élevée à 6,8% en juin sur un an. Résultat, le pouvoir d’achat est grignoté et les Britanniques se serrent la ceinture.

Vers une baisse des taux d’intérêt ?

Face à ce ralentissement, la Banque d’Angleterre pourrait infléchir sa politique monétaire dans les prochains mois. Après avoir relevé son taux directeur à 5,25% en août, un record depuis 2008, elle a ouvert la porte à de possibles baisses si la croissance devait trop faiblir. Une perspective qui réjouit les marchés financiers et pourrait soutenir l’activité.

Mais les marges de manœuvre restent étroites. L’inflation, bien qu’en recul, demeure largement supérieure à l’objectif de 2% de la banque centrale. Et la livre sterling s’est déjà dépréciée de près de 10% par rapport au dollar depuis le début de l’année, renchérissant le coût des importations.

L’enjeu de la productivité

Au-delà des soubresauts conjoncturels, c’est surtout sur le front de la productivité que se joue l’avenir de l’économie britannique. Depuis la crise financière de 2008, les gains de productivité sont atones outre-Manche, pénalisant la croissance potentielle du pays. Un défi structurel que le nouveau gouvernement a promis de relever, via des investissements massifs dans les infrastructures, la formation et l’innovation.

“Nous devons régler le problème de notre faible croissance de productivité qui nous handicape depuis trop longtemps.”

a martelé le Premier ministre Keir Starmer dans son discours de politique générale

Mais les résultats ne seront pas immédiats et il faudra du temps pour rattraper le retard accumulé sur les autres grandes économies développées. D’autant que le Brexit a provoqué une baisse durable de la productivité, en réduisant les échanges et les investissements avec le continent.

Le chemin de la prospérité s’annonce donc long et semé d’embûches pour le Royaume-Uni post-Brexit. Même si les fondamentaux restent solides, l’économie britannique devra composer durablement avec une croissance plus faible qu’avant le referendum de 2016. Un nouveau normal auquel il va falloir s’habituer.

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