En ce mois d’août 2024, l’Afghanistan commémore le troisième anniversaire de la prise de pouvoir par les Talibans. Lors de cérémonies organisées sur la base militaire de Bagram, les dirigeants de ce régime islamiste ont réaffirmé avec force leur volonté de poursuivre sur la voie d’une application ultra-rigoriste de la loi islamique. Un cap maintenu envers et contre tout, malgré une situation humanitaire et économique des plus préoccupantes.
Un pays à genoux, une crise humanitaire majeure
Trois ans après le retour au pouvoir des Talibans, l’Afghanistan reste l’un des pays les plus pauvres au monde. La croissance y est anémique, le chômage massif et la crise humanitaire particulièrement aiguë. Selon les Nations Unies, plus de la moitié de la population afghane, soit environ 28 millions de personnes, aurait besoin d’une aide humanitaire pour survivre.
Les pays qui coopèrent avec les Talibans devraient leur rappeler leurs abus contre les femmes et les filles.
– Human Rights Watch
Des progrès diplomatiques en demi-teinte
Si le régime taliban n’est toujours reconnu par aucun pays, il a néanmoins enregistré quelques gains diplomatiques en nouant des relations avec plusieurs États voisins ainsi que la Chine et la Russie. Un dialogue, certes timide, a également été engagé avec les puissances occidentales lors de discussions à Doha en juin dernier. Mais les progrès restent fragiles.
Droits des femmes bafoués
Sous la férule des Talibans, les Afghanes ont vu leurs droits fondamentaux progressivement rognés. Exclues petit à petit de la sphère publique, elles n’ont plus accès ni au monde du travail, ni à l’éducation. Un retour en arrière dénoncé par de nombreuses ONG, mais qui ne semble pas émouvoir outre mesure le gouvernement taliban.
- Interdiction pour les filles d’étudier au-delà du primaire
- Obligation de porter le voile intégral en public
- Restriction drastique de l’accès à l’emploi
Une communauté internationale divisée
Face à la situation afghane, la communauté internationale peine à parler d’une seule voix. Si certains pays plaident pour un dialogue pragmatique avec Kaboul afin de ne pas pénaliser davantage la population, d’autres conditionnent toute coopération à des progrès significatifs en matière de droits humains, en particulier ceux des femmes et des filles.
Les donateurs devraient apporter une aide à ceux qui en ont le plus besoin et œuvrer à une solution durable à la crise humanitaire en Afghanistan.
– Human Rights Watch
L’aide humanitaire, un levier d’action ?
Dans ce contexte, l’aide humanitaire apparaît comme l’un des rares leviers dont dispose encore la communauté internationale pour tenter d’infléchir la politique des Talibans. Mais son acheminement se heurte à de nombreux obstacles, qu’il s’agisse des sanctions internationales, de l’insécurité ou encore des interférences du régime.
Trois ans après la chute de Kaboul, l’Afghanistan semble plus que jamais enlisé dans une crise multiforme dont il peine à entrevoir l’issue. Malgré les promesses de changement des Talibans, la réalité du terrain montre que la loi islamique, dans sa version la plus rigoriste, reste la boussole du régime. Au grand dam d’une population afghane épuisée et appauvrie, qui aspire à retrouver enfin la paix et la dignité.
