En cette mi-août caniculaire, alors que les incendies ravagent déjà de nombreuses régions françaises, une inquiétante pénurie paralyse notre première ligne de défense : les avions bombardiers d’eau Canadair. Sur les 12 appareils que compte la flotte nationale, seuls 3 sont actuellement opérationnels, dont 2 mobilisés pour la Corse. Un chiffre alarmant qui soulève de sérieuses questions sur notre capacité à faire face à cette saison des feux particulièrement intense.
Une situation critique qui perdure malgré les alertes
Déjà mi-juillet, les syndicats tiraient la sonnette d’alarme. Benoît Quennepoix, secrétaire général du SNPAC, déclarait alors : “On a eu des journées où on avait entre 0 et 2 Canadair opérationnels alors que la saison des feux a débuté le 17 juin et qu’en théorie on devrait disposer de sept appareils minimum”. Un mois plus tard, malgré la multiplication des départs de feu et un pic de chaleur redouté, la situation n’a pas évolué.
Un matériel vieillissant et des pannes à répétition
Cette paralysie s’explique par deux facteurs principaux : le vieillissement d’une flotte aérienne soumise à rude épreuve chaque été et un manque criant de personnel technique pour assurer la maintenance. Résultat, les pannes s’enchaînent et les réparations prennent du retard, immobilisant ces précieux Canadair pendant de longues semaines.
On fait face à un manque structurel d’effectifs de techniciens de maintenance, accentué par un mouvement social en juin dernier. Les pannes s’accumulent et on n’arrive plus à suivre le rythme pour remettre les avions en service.
– Benoît Quennepoix, secrétaire général du SNPAC
Des moyens aériens déjà sous tension
En plus des 12 Canadair, la sécurité civile peut compter sur 8 avions Dash et 3 Beechcraft. Mais avec une saison des feux qui s’annonce particulièrement longue et intense, ces renforts risquent de ne pas suffire. D’autant que les Dash, eux aussi vieillissants, connaissent régulièrement des avaries.
Cette pénurie de bombardiers d’eau intervient au pire moment, alors que de nombreux massifs forestiers sont déjà la proie des flammes. En Gironde, dans les Landes, en Bretagne ou encore dans le Sud-Est, les images de forêts calcinées et de fumées orangées envahissant le ciel se multiplient, sans que les moyens aériens ne puissent endiguer la propagation.
Vers une saison des incendies catastrophique ?
Avec seulement un quart de sa flotte de Canadair en état de voler, la France se retrouve dangereusement démunie pour affronter cette saison des feux qui s’annonce déjà comme l’une des pires de la décennie. Si des renforts européens peuvent être sollicités, leur disponibilité et leurs délais d’intervention restent incertains.
Face à cette situation alarmante, il est urgent de mettre en place un plan d’action pour renforcer les effectifs de maintenance, accélérer les réparations et envisager le renouvellement progressif d’une flotte vieillissante. Car avec le réchauffement climatique qui s’accentue et des étés de plus en plus torrides, ces pénuries à répétition pourraient bien devenir la norme dans les années à venir.
En attendant, c’est toute une partie du territoire qui retient son souffle, scrutant le ciel dans l’espoir d’apercevoir la silhouette rouge et blanche d’un Canadair. Un espoir qui s’amenuise de jour en jour, alors que les flammes, elles, continuent de progresser.
