Un projet d’attentat-suicide visant les concerts de la star américaine Taylor Swift à Vienne a récemment été déjoué par les autorités autrichiennes. Mais au-delà du soulagement, cette affaire met en lumière un phénomène inquiétant : la radicalisation croissante des jeunes via les réseaux sociaux, en particulier TikTok, par des prédicateurs salafistes influents.
La « TikTokisation » du salafisme, une tendance alarmante
Le principal suspect de ce complot terroriste, un Autrichien de seulement 19 ans, se serait radicalisé en ligne en suivant les vidéos d’un certain Abul Baraa. Derrière ce pseudonyme se cache Ahmad Armih, un prédicateur berlinois déjà connu des services de renseignement allemands pour ses prêches haineux à la mosquée As-Sahaba de Berlin, aujourd’hui fermée.
Mais loin de freiner ses activités, la fermeture de la mosquée en 2020 a poussé Abul Baraa à déplacer son terrain de prédication vers les réseaux sociaux. Capitalisant sur le format court et l’algorithme addictif de TikTok, il a rapidement constitué une communauté de dizaines de milliers de followers, principalement des jeunes.
Un discours radical banalisé et des jeunes embrigadés
Dans ses vidéos TikTok, Abul Baraa fustige régulièrement l’Occident et les « mécréants », tout en prodiguant des conseils du quotidien à ses jeunes adeptes sur un ton faussement bienveillant. Une stratégie de banalisation du discours fondamentaliste qui semble porter ses fruits, comme en témoigne le profil du suspect viennois.
Ce dernier, repéré dès l’âge de 14 ans pour ses velléités terroristes, suivait assidûment le prédicateur sur les réseaux sociaux. Lors de ses interrogatoires, il a même affirmé s’être comporté conformément aux « instructions » d’Abul Baraa, qu’il considérait comme une véritable autorité religieuse.
Les autorités face au défi de l’extrémisme en ligne
Si le pire a été évité à Vienne, cette affaire révèle les défis auxquels sont confrontés les services de sécurité face à la propagation fulgurante de l’idéologie salafiste sur les réseaux sociaux. La « TikTokisation » de la radicalisation, ciblant un public toujours plus jeune et vulnérable, nécessite une adaptation des méthodes de prévention et de surveillance.
Nous devons absolument renforcer notre veille sur les réseaux sociaux et mieux collaborer avec les plateformes pour identifier et neutraliser ces contenus toxiques avant qu’ils ne fassent plus de dégâts.
– Un responsable du renseignement allemand
Car si Abul Baraa n’a pas été directement lié à la tentative d’attentat de Vienne, son influence néfaste sur le suspect est indéniable. Et il n’est malheureusement pas un cas isolé. De nombreux autres prédicateurs de haine prospèrent sur TikTok et les autres réseaux, profitant de leur viralité pour toucher un maximum de jeunes et les embrigader dans leur vision rigoriste et violente de l’islam.
Agir à la racine du problème
Face à ce phénomène, les autorités en appellent à une plus grande responsabilité des réseaux sociaux dans la modération des contenus extrémistes. Mais au-delà de la suppression des vidéos et comptes problématiques, c’est tout un travail de fond qui doit être mené pour contrer la propagande salafiste et proposer des contre-discours positifs à destination de la jeunesse.
- Renforcer l’éducation aux médias et à l’esprit critique chez les jeunes
- Soutenir les initiatives associatives et religieuses promouvant un islam ouvert et tolérant
- Développer des partenariats avec les influenceurs et créateurs de contenus pour diffuser des messages de paix
Car n’oublions pas que derrière chaque jeune radicalisé se cache souvent un mal-être, une quête de sens et d’appartenance que les prédicateurs extrémistes savent habilement exploiter. C’est en offrant de véritables perspectives d’avenir et d’épanouissement à cette jeunesse que nous pourrons efficacement combattre la menace du salafisme 2.0.
Le défi est immense mais crucial pour préserver notre cohésion sociale et protéger nos valeurs démocratiques. L’affaire de Vienne doit servir d’électrochoc pour intensifier nos efforts et ne plus jamais avoir à déplorer de tels projets mortifères inspirés par la haine en ligne.