Au cœur du centre-ville d’Échirolles, un immeuble vit un véritable cauchemar depuis plusieurs années. “Le Carrare”, une copropriété de quelque 80 appartements, est tombé sous le contrôle de dealeurs de drogue qui y ont établi leur quartier général. Au grand dam des habitants et propriétaires, cet immeuble est devenu une plaque tournante du trafic de stupéfiants, théâtre d’une guerre des gangs qui ne cesse de s’intensifier malgré les opérations de police. Les riverains, eux, sont pris en étau entre la peur et le désespoir.
Un immeuble réquisitionné par les dealeurs
Situé à proximité de la mairie, d’un cinéma, d’une école de journalisme et du poste de police municipale, cet immeuble bénéficie pourtant d’un emplacement stratégique en plein centre-ville. Mais depuis que les trafiquants de drogue en ont pris le contrôle, c’est devenu “pire qu’une zone” selon un propriétaire. Les dealeurs squattent les appartements et les parties communes, guidant les clients jusqu’aux points de vente de cannabis et cocaïne à l’aide de flèches rouges taguées sur les murs.
Les habitants, eux, vivent un enfer au quotidien. Confrontés à la violence, la saleté et la délinquance, beaucoup cherchent à fuir cet immeuble où plus personne ne veut vivre. Les appartements ont perdu toute valeur et même l’immeuble entier risque d’être perdu, avec déjà deux appartements incendiés la semaine dernière. “Dès que je trouve un toit, n’importe où, je pars d’ici”, confie un locataire désemparé.
Des habitants et propriétaires à bout
Face à cette situation devenue intenable, les occupants de l’immeuble ont lancé un appel à l’aide via une pétition. “Nous vivons un enfer”, écrivent-ils, décrivant des jeunes dealers armés qui font régner “la loi et la terreur du rez-de-chaussée au dernier étage”. Squats, destructions, menaces… Les habitants sont soumis à un climat de peur permanent.
“Si on dit quelque chose, ils nous brûlent notre logement. (…) Nous ne savons plus quoi faire et nous sommes désespérés.”
extrait de la pétition des habitants
Outre les dégradations constantes et le règne des rats qui se nourrissent des immondices accumulées, les habitants font face à des représailles violentes s’ils osent se plaindre. Brûler un appartement ou les boîtes aux lettres pour faire taire les récalcitrants est monnaie courante pour ces dealeurs sans foi ni loi. Désormais, l’immeuble n’est plus occupé qu’à 40% en raison de ce trafic qui gangrène tout.
Police et justice impuissantes ?
Si les polices municipale et nationale multiplient les opérations et interpellations, leur action semble vaine face au profil des dealeurs : mineurs non accompagnés ou personnes sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Relâchés aussitôt arrêtés faute de détention provisoire, ils retournent immédiatement sur le point de deal pour reprendre leur sinistre commerce.
Un cercle vicieux entretenu par une justice qui semble impuissante à endiguer le phénomène malgré les efforts de la police et de la mairie d’Échirolles. Tant que les interpellés ne seront pas mis hors d’état de nuire, ce traffic continuera de prospérer en toute impunité au mépris des riverains.
La guerre des gangs ajoute à l’horreur
Comme si la situation n’était pas assez dramatique, voilà que le point de deal attise les convoitises de groupes rivaux, déclenchant une véritable guerre des gangs en plein centre-ville. Rien que depuis fin juillet, ce sont au moins trois guetteurs qui ont été blessés par balles, voire quatre selon certaines sources.
Preuve s’il en est que le trafic génère des revenus colossaux, l’équipe de dealeurs en place se retrouve maintenant la cible d’attaques de bandes concurrentes bien décidées à leur ravir ce juteux business. Une rivalité sanglante qui se joue au cœur de la ville et ajoute encore à la détresse et au désarroi des habitants.
Face à l’ampleur de ce fléau qui ronge ce quartier d’Échirolles et malgré la mobilisation des autorités, policiers et résidents de l’immeuble “Le Carrare” en appellent aujourd’hui à l’État. Une intervention au plus haut niveau semble en effet indispensable pour enfin éradiquer ce trafic et permettre aux habitants de retrouver une vie normale. En attendant, c’est tout un immeuble, tout un quartier qui continue de vivre dans la peur au rythme des fusillades des gangs.