Les relations entre l’Algérie et la France traversent une zone de turbulences. Suite aux récentes prises de position d’Emmanuel Macron en faveur du plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, Alger a décidé de rappeler « avec effet immédiat » son ambassadeur en poste à Paris. Un geste fort qui illustre la détérioration des liens entre les deux pays.
Le Sahara occidental, pomme de discorde
Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI pour les 25 ans de son intronisation, le président français a réaffirmé le « soutien clair et constant » de la France au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 pour ce territoire disputé. Sans reconnaître explicitement la souveraineté marocaine, Emmanuel Macron considère que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Une position qui heurte frontalement les intérêts algériens dans la région.
L’Algérie monte au créneau
Ulcérée par ce qu’elle perçoit comme un alignement français sur les positions marocaines, l’Algérie promet de tirer « toutes les conséquences » de cette décision dont Paris « assume seul la pleine et entière responsabilité ». Alger, qui a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en 2021, dénonce des « puissances coloniales, anciennes et nouvelles, [qui] savent se reconnaître, se comprendre et se tendre des mains secourables ».
Les relations entre l’Algérie et le Maroc ont atteint le point de non-retour.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune
La question migratoire en toile de fond
Cette crise diplomatique intervient alors que l’Algérie renvoie systématiquement vers la France les migrants algériens expulsés de l’Hexagone depuis plusieurs mois. Des dizaines de clandestins font ainsi de « simples allers-retours » observe un haut fonctionnaire français. Une situation qui accentue les tensions entre Paris et Alger sur fond d’enjeux sécuritaires et migratoires.
Vers une escalade des tensions ?
Le rappel de l’ambassadeur algérien marque une nouvelle étape dans la dégradation des relations franco-algériennes. Malgré la volonté affichée par Emmanuel Macron depuis 2017 de se rapprocher d’Alger, quitte à froisser Rabat, les contentieux continuent de s’accumuler. Entre mémoire douloureuse de la colonisation, rivalités régionales et enjeux sécuritaires, Paris et Alger peinent à trouver un modus vivendi apaisé.
Cette énième brouille risque de compliquer un peu plus le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée, dans un contexte régional déjà explosif. Alors que le Maghreb reste traversé par de multiples lignes de fracture, la France doit naviguer avec précaution pour préserver ses intérêts sans s’aliéner ses partenaires. Un exercice d’équilibriste périlleux qui promet encore de beaux jours aux diplomates.
