Imaginez un instant être un poisson, nageant paisiblement dans votre aquarium chez Decathlon. Soudain, une main surgit, vous attrape, et vous voilà empalé sur un hameçon, prêt à servir d’appât vivant pour attraper un plus gros poisson. C’est le sort réservé à des milliers de poissons vendus vivants dans les rayons pêche de l’enseigne de sport. Mais cette pratique pourrait bientôt appartenir au passé.
La pêche au vif dans le viseur des associations animalistes
Depuis plusieurs années, la pêche au vif, qui consiste à utiliser des poissons vivants comme appâts, est dans le collimateur des défenseurs du bien-être animal. Pour l’association PAZ (Paris Animaux Zoopolis), cette pratique s’apparente à de la “torture” et de la “souffrance animale”. Selon elle, Decathlon, en vendant ces poissons vivants, se rend complice de cette cruauté.
Non seulement les poissons sont les seuls animaux vertébrés vivants à être vendus par Decathlon, mais ils le sont pour être torturés.
Dénonce PAZ
Des pétitions qui font mouche
Pour faire entendre sa voix, l’association a lancé une soixantaine de pétitions en ligne visant spécifiquement les magasins Decathlon vendant ces poissons d’appâts. Avec parfois plusieurs milliers de signatures à la clé, ces pétitions semblent avoir trouvé un écho auprès d’un public sensible à la cause animale.
Face à cette pression grandissante, certains magasins Decathlon ont fini par céder. Selon le décompte de PAZ, 13 enseignes ont déjà arrêté la vente de poissons vivants, soit un peu plus de 10% des magasins qui en proposaient jusque-là. Parmi eux, ceux de Bordeaux-Bègles, Carcassonne ou encore Pontivy.
Vers une interdiction nationale ?
Mais les ambitions de PAZ vont plus loin. En parallèle des pétitions visant Decathlon, l’association milite pour une interdiction pure et simple de la pêche au vif en France. Une pratique déjà bannie dans plusieurs pays européens comme l’Allemagne, l’Écosse ou la Suisse.
En novembre 2023, une proposition de loi en ce sens a été déposée à l’Assemblée nationale par le député LFI Gabriel Amard. Reste à voir si elle sera inscrite à l’agenda parlementaire et si elle passera l’épreuve du vote.
Decathlon favorable à une “transition”
Du côté de Decathlon, on assure être favorable au développement de la pêche au leurre, sans appât vivant. L’enseigne dit même encourager ses clients à se tourner vers cette alternative.
Nous sommes engagés dans la recherche, le développement et la vente de leurres de haute qualité, offrant des alternatives de plus en plus efficaces à la pratique traditionnelle de la pêche aux vifs.
Affirme Decathlon
Mais pour autant, l’enseigne ne semble pas prête à totalement tourner le dos à la pêche au vif du jour au lendemain. Évoquant la nécessité d’une “approche progressive et pédagogique” pour faire évoluer les mentalités des pêcheurs.
Un sujet qui divise
Car le sujet est loin de faire consensus. Pour de nombreux pêcheurs, la pêche au vif reste la technique la plus efficace pour attraper certains poissons. Ils voient d’un mauvais œil cette remise en cause d’une pratique ancestrale au nom du bien-être animal.
À l’inverse, une frange grandissante de l’opinion publique s’émeut du sort réservé à ces poissons appâts. Pour eux, il est temps de moderniser et d’humaniser la pêche de loisir.
Entre éthique et tradition, le débat promet d’être animé. Et Decathlon, géant de la distribution d’articles de sport, se retrouve malgré lui au cœur de cette controverse sociétale. La décision de certains de ses magasins de ne plus vendre de poissons vivants est un premier pas qui en appelle d’autres. Reste à savoir jusqu’où ira le mouvement et s’il se traduira par une évolution de la législation.
Une chose est sûre, la pression monte pour que la pêche se réinvente en se passant de souffrance animale. Un défi majeur pour un secteur ancré dans ses habitudes. Mais aussi une formidable opportunité d’innover et de se réconcilier avec les attentes sociétales en matière de bien-être animal.