La NASA vient d’annoncer une nouvelle qui risque de faire l’effet d’une bombe dans l’industrie aérospatiale. En effet, l’agence spatiale américaine envisage sérieusement de faire appel à SpaceX pour ramener sur Terre les deux astronautes actuellement à bord du vaisseau Starliner de Boeing. Une perspective qui constituerait une véritable humiliation pour le géant aéronautique, déjà en proie à de nombreuses difficultés ces dernières années.
Boeing Starliner : une mission semée d’embûches
Retour sur les faits. Début juin, Boeing procédait au lancement tant attendu de son nouveau vaisseau spatial, le Starliner, avec à son bord les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams. Objectif de cette mission test : certifier le véhicule avant le début de ses opérations régulières de rotation d’équipage vers la Station Spatiale Internationale (ISS).
Mais rien ne s’est passé comme prévu. Très vite, le Starliner a rencontré de sérieux problèmes techniques, notamment au niveau de son système de propulsion et de fuites d’hélium. Des tests approfondis ont été menés pour en comprendre les causes, sans pour autant rassurer la NASA quant à la fiabilité du véhicule.
La NASA envisage une solution radicale avec SpaceX
Face à cette situation inédite, la NASA a donc décidé d’étudier un plan B pour rapatrier en toute sécurité ses deux astronautes : faire appel à SpaceX, le grand rival de Boeing. Concrètement, l’agence spatiale envisage de laisser le Starliner revenir à vide sur Terre et de ramener Butch Wilmore et Suni Williams avec un vaisseau Crew Dragon lors de sa prochaine mission de rotation.
Nous n’avons pas approuvé ce plan, mais nous avons réalisé tout le travail nécessaire pour l’avoir en place.
Steve Stich, responsable du programme des vols commerciaux habités de la NASA
Une décision définitive devrait être prise d’ici la mi-août, a précisé Steve Stich. D’ici là, de nouveaux tests seront menés pour mieux cerner les risques liés aux problèmes rencontrés par le Starliner. Mais quoi qu’il en soit, l’option privilégiée reste de faire rentrer les astronautes avec leur vaisseau d’origine.
Un coup dur pour Boeing, une aubaine pour SpaceX
Si ce scénario venait à se confirmer, il s’agirait indéniablement d’un camouflet pour Boeing. Le géant de Seattle avait en effet été sélectionné dès 2014 par la NASA, au même titre que SpaceX, pour développer un nouveau vaisseau spatial dans le cadre du programme des vols commerciaux habités. Mais là où les capsules Crew Dragon de SpaceX enchaînent les missions vers l’ISS depuis maintenant deux ans, Boeing accumule les retards et les déconvenues avec son Starliner.
À l’inverse, cette situation renforce encore un peu plus la position dominante de SpaceX sur le marché des vols habités privés. Déjà largement en avance sur son concurrent, l’entreprise d’Elon Musk pourrait bien devenir, par la force des choses, l’unique opérateur taxi de la NASA vers l’ISS dans les mois à venir. Une perspective qui doit faire grincer bien des dents du côté de Boeing…
L’avenir incertain du Starliner
Au-delà de l’humiliation immédiate, c’est tout l’avenir du programme Starliner qui est remis en question par cet énième incident. Même si Boeing parvenait à résoudre les problèmes actuels de son vaisseau, la confiance de la NASA et des astronautes semble durablement ébranlée. Il faudra sans doute de nombreux vols tests réussis avant d’envisager à nouveau d’embarquer un équipage à bord.
Une situation d’autant plus préoccupante que Boeing traverse déjà une passe difficile, entre les déboires à répétition de ses avions 737 MAX, les retards sur son programme de ravitailleur KC-46 ou encore les pertes financières liées à la pandémie de Covid-19. Autant de facteurs qui pèsent sur la capacité du groupe à redresser la barre dans le domaine spatial.
Une leçon d’humilité pour l’industrie aérospatiale
Au final, les déboires du Starliner constituent un rappel cinglant des défis immenses que représente le vol spatial habité. Malgré des décennies d’expérience et des budgets colossaux, même les plus grands groupes aérospatiaux ne sont pas à l’abri d’échecs cuisants. SpaceX, malgré ses succès impressionnants, l’a d’ailleurs appris à ses dépens avec plusieurs prototypes de sa fusée Starship qui ont fini en morceaux sur le pas de tir.
C’est aussi une mise en garde contre l’hubris qui guette parfois ce secteur. À force de vouloir aller toujours plus vite et plus loin, quitte à négliger certains risques, on finit par se brûler les ailes. Une leçon que Boeing médite sans doute amèrement aujourd’hui, alors que la NASA s’apprête peut-être à lui préférer son grand rival pour ramener ses astronautes sur le plancher des vaches. Un retour sur Terre qui risque d’être brutal, dans tous les sens du terme…