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Le Djihadiste Bilal Taghi Déchu de la Nationalité Française

Bilal Taghi, auteur de la première attaque djihadiste en prison française, vient d'être déchu de sa nationalité. Retour sur cette affaire qui a bouleversé le système pénitentiaire et la gestion des détenus radicalisés. Quelles leçons en tirer pour prévenir de tels actes ?

Derrière les barreaux d’une prison française, un drame terroriste a secoué l’administration pénitentiaire en 2016. Bilal Taghi, détenu d’origine marocaine purgeant une peine pour un départ avorté en Syrie, avait tenté d’assassiner deux surveillants au nom de Daesh. Cette attaque, menée au cœur même d’une unité dédiée à la déradicalisation, a mis en lumière les failles du système face à la menace djihadiste en détention. Sept ans après les faits, Bilal Taghi vient d’être déchu de sa nationalité française par décret. Une sanction rare et symbolique.

La première attaque djihadiste en prison

Le 4 septembre 2016, Bilal Taghi, armé d’un couteau artisanal, s’en prend violemment à deux surveillants de la prison d’Osny, en région parisienne. Aux cris d’« Allah Akbar », il blesse grièvement ses victimes avant d’être maîtrisé. L’homme, âgé alors de 24 ans, purgeait une peine de 5 ans pour avoir tenté de rejoindre la Syrie. Mais derrière son apparente volonté de « déradicalisation », il préparait en réalité cette attaque au nom de l’État Islamique.

Si votre cour le condamne insuffisamment, tient compte de ses mensonges incessants, de ses pleurnicheries, Bilal Taghi va pouvoir se payer la République une nouvelle fois.

– L’avocat général Guillaume Michelin lors du procès

En novembre 2019, Bilal Taghi est condamné à 28 ans de réclusion criminelle pour ses actes. La justice sanctionne un « engagement irrémédiable » dans l’idéologie djihadiste et un homme passé « maître en dissimulation ». Car pendant des mois, tel un « lion du califat », le détenu a patiemment chassé ses proies dans les couloirs de la prison, semant la terreur.

Les failles de la lutte anti-radicalisation en prison

Cette attaque sans précédent a mis en évidence les carences dans la gestion des détenus radicalisés. Malgré son placement dans une unité spécialisée, Bilal Taghi a réussi à dissimuler sa détermination meurtrière derrière un masque de repentance. Un art de la taqiya, la dissimulation propre aux djihadistes, qui a berné le personnel pénitentiaire.

Face à ce choc, l’administration a dû revoir en profondeur ses dispositifs :

  • Fermeture progressive des unités dédiées jugées contre-productives
  • Création de quartiers d’évaluation de la radicalisation (QER)
  • Renforcement de la formation des surveillants
  • Meilleur partage d’informations avec les services de renseignement

Mais la menace persiste, avec plusieurs centaines de détenus identifiés comme radicalisés dans les prisons françaises. Un défi sécuritaire et humain pour l’administration pénitentiaire, qui doit concilier mission de réinsertion et prévention de la récidive terroriste.

La déchéance, une sanction rare et controversée

Sept ans après son attaque, Bilal Taghi fait l’objet d’un décret de déchéance de nationalité, une procédure exceptionnelle prise sur avis du Conseil d’État. Possédant la double nationalité franco-marocaine, il perd ainsi son statut de citoyen français.

Une sanction qui ne fait pas l’unanimité. Pour certains, elle relève d’un symbolisme sécuritaire, sans impact réel sur la lutte anti-terroriste. D’autres y voient un outil de protection légitime de la Nation face aux actes de haute trahison. Un débat qui reflète la difficulté des démocraties à trouver la juste réponse pénale face au défi djihadiste.

Au-delà du cas individuel, l’affaire Bilal Taghi aura marqué un tournant dans la prise de conscience du danger en détention. Un combat de longue haleine, qui nécessite une mobilisation de tous les acteurs – justice, pénitentiaire, renseignement – pour prévenir de nouvelles attaques au cœur des prisons. Car comme le soulignait en 2016 l’ancien Premier ministre Manuel Valls : « Ils sont là », ces ennemis de l’intérieur prêts à frapper.

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