Alors que Kamala Harris occupe aujourd’hui le poste de vice-présidente des États-Unis, un débat enflamme la presse américaine : est-elle vraiment “noire” ? Si la question peut choquer en France, elle est prise très au sérieux outre-Atlantique, où les identités ethniques sont un sujet brûlant.
Une identité culturelle remise en question
Fille d’une mère indienne et d’un père jamaïcain, Kamala Harris se retrouve au cœur d’une controverse identitaire. Certains l’accusent « d’usurpation d’identité culturelle », estimant qu’elle aurait laissé croire qu’elle était afro-américaine pour servir ses ambitions politiques.
Une polémique révélatrice du poids accordé aux origines ethniques dans le débat public américain. Là où la France se veut « aveugle à la couleur », les États-Unis multiplient les “cases” identitaires dans lesquelles il faudrait se ranger.
Une candidate prise entre deux feux
Pour ses détracteurs, Kamala Harris aurait joué de l’ambiguïté sur ses origines lors de la campagne présidentielle. Une stratégie électoraliste visant à séduire l’électorat afro-américain, crucial pour le camp démocrate.
Kamala Harris est-elle noire ? Telle est la question.
– Libération, août 2020
Mais la vice-présidente se défend de toute manipulation. Fière de ses racines multiples, elle plaide pour une Amérique inclusive, riche de sa diversité. Un positionnement délicat à tenir dans un pays encore marqué par les questions raciales.
La “théorie critique de la race” en question
Pour le philosophe Luc Ferry, cette polémique illustre les ravages de la « théorie critique de la race » aux États-Unis. Ce courant de pensée, très influent sur les campus, voit le monde à travers le prisme des rapports de domination entre groupes raciaux.
- Il pousse à une lecture essentialiste des identités
- Toute personne issue de minorités serait d’office victime du “privilège blanc”
- Une vision réductrice qui nourrit les tensions communautaires
Face à ces dérives identitaires, certains appellent à dépasser les clivages pour construire une société unie et apaisée. Un défi de taille dans une Amérique plus polarisée que jamais, où la question raciale continue de peser lourd.
Kamala Harris, un symbole malgré elle
Au-delà des polémiques, l’accession de Kamala Harris à la vice-présidence reste un événement historique. Première femme, mais aussi première personne métisse à occuper ce poste, elle incarne le visage d’une Amérique en pleine mutation.
Un symbole fort, même si elle récuse le terme, préférant se définir comme “une Américaine fière de ses origines diverses”. Une manière de transcender les clivages identitaires pour incarner l’unité du pays. Pari réussi ou mission impossible ? L’avenir le dira.
Un symbole fort, même si elle récuse le terme, préférant se définir comme “une Américaine fière de ses origines diverses”. Une manière de transcender les clivages identitaires pour incarner l’unité du pays. Pari réussi ou mission impossible ? L’avenir le dira.