Depuis près de deux semaines, Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, est en proie à des violences d’une ampleur sans précédent. Malgré la visite éclair d’Emmanuel Macron la semaine dernière, la situation reste très tendue dans ce territoire français du Pacifique Sud. Magasins pillés, voitures incendiées, affrontements entre jeunes et forces de l’ordre : la “crise calédonienne” a pris un tour dramatique ces derniers jours.
Un lourd bilan humain et matériel
Ce nouveau cycle de violences a déjà fait sept morts dont un par balle, tirée par un policier « pris à partie physiquement ». Plus de 200 personnes ont été blessées, dont de nombreux membres des forces de l’ordre. Côté dégâts matériels, plusieurs dizaines de commerces ont été vandalisés et pillés, notamment dans le quartier de Rivière-Salée. De nombreux bâtiments publics ont aussi été pris pour cible par les émeutiers.
C’est une épreuve pour toute la Nouvelle-Calédonie. Il faut que les auteurs de ces violences comprennent qu’on ne construit rien par la violence.
Louis Mapou, président du gouvernement local
Une jeunesse désœuvrée et en colère
Comment en est-on arrivé là ? Si le point de départ immédiat des violences semble être la mort d’un jeune homme, tué lors de l’attaque d’une gendarmerie, les racines sont bien plus profondes. Avec un taux de chômage des jeunes de près de 40%, un sentiment de déclassement et de manque de perspectives, une partie de la jeunesse calédonienne manifeste sa colère et son mal-être par la violence. Sans oublier la problématique des tensions communautaires, ravivées par chaque échéance électorale.
L’impasse politique et institutionnelle
Car au-delà de la crise sociale, c’est aussi l’avenir institutionnel de l’île qui cristallise les passions. Après trois référendums remportés par les pro-français, les indépendantistes kanak refusent de tourner la page et réclament un nouveau statut de “pleine souveraineté”. Les loyalistes, eux, souhaitent le maintien dans la République, avec plus d’autonomie. Deux visions irréconciliables à ce stade, qui alimentent les tensions politiques.
L’appel au calme d’Emmanuel Macron
Face à cette poudrière, le président Macron a tenté lors de sa visite de déminer le terrain, en prônant “l’ordre” et le “dialogue”. Un exercice d’équilibriste délicat, entre fermeté sur les violences et main tendue vers les responsables politiques calédoniens. Le chef de l’État a aussi promis des “actes” pour la jeunesse et le développement économique, sans plus de précisions à ce stade.
Mais sur place, beaucoup doutent de la capacité de l’État à rétablir rapidement le calme et à relancer un dialogue politique dans l’impasse. Après des années de crispations et de non-dits, les plaies sont profondes. Il faudra du temps et des gestes forts pour apaiser les esprits et redonner un horizon commun aux Calédoniens. Le chemin vers la paix civile s’annonce encore long et semé d’embûches.