C’est une image pour le moins inhabituelle qui a attiré l’attention des parisiens et des touristes venus assister aux Jeux olympiques ces derniers jours : un autocar arborant sur ses flancs l’inscription « Stop attacks on Christians », que l’on pourrait traduire par « Arrêtez d’attaquer les chrétiens », a en effet circulé sur certaines des plus grandes avenues de la capitale. Un slogan choc, accompagné d’une image montrant des drag queens parodiant la Cène lors de la cérémonie d’ouverture des JO, et d’un lien vers une pétition en ligne. Derrière cette action coup de poing, un collectif espagnol venu dénoncer ce qu’il considère comme une attaque envers la foi chrétienne. Une manifestation qui s’est terminée lundi soir par l’interpellation des occupants du véhicule, soupçonnés d’avoir organisé un rassemblement non déclaré. Ils ont cependant été relâchés quelques heures plus tard pour vice de procédure.
Un car, un slogan, une pétition
Pendant plusieurs jours, un car espagnol a donc sillonné les rues de Paris, attirant tous les regards avec son message pour le moins direct. Le véhicule, stationné lundi soir place de l’Étoile lorsque la police est intervenue, avait été signalé un peu plus tôt sur l’avenue Matignon. À son bord, les forces de l’ordre n’ont trouvé que le chauffeur, de nationalité espagnole. Six autres personnes se sont cependant présentées sur place, se déclarant à l’origine de l’opération. Elles ont toutes été interpellées avant d’être relâchées dans la nuit, les motifs de leur arrestation n’ayant pas été suffisamment précisés selon le parquet de Paris.
La Cène parodiée, les chrétiens se mobilisent
Mais que reprochaient exactement ces militants ? La réponse se trouvait sur le car, via l’image d’une parodie de la Cène (le dernier repas du Christ entouré des apôtres) jouée par des drag queens lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Une séquence qui a fait polémique dans certains milieux chrétiens, y voyant une moquerie et un manque de respect envers leur religion. Pour exprimer leur mécontentement, les occupants du véhicule avaient couplé leur action à une pétition en ligne. Celle-ci était portée par le collectif conservateur espagnol CitizenGo, qui se présente comme un défenseur de « la vie, la famille et la liberté » et revendique 17 millions de membres à travers le monde.
Une nuit en prison pour avoir simplement dénoncé une moquerie contre les Chrétiens
– CitizenGo sur X (anciennement Twitter)
Une « christianophobie » en France ?
Si l’interpellation des militants a finalement été classée sans suite, leur action met en lumière un débat récurrent en France sur la place de la religion chrétienne dans l’espace public et médiatique. Certains dénoncent en effet une forme de « christianophobie », estimant que des actes ou propos qui seraient sanctionnés contre d’autres confessions sont tolérés quand ils visent les chrétiens. Une analyse contestée par d’autres, qui voient plutôt dans ces prises de position une volonté de s’opposer à certaines évolutions sociétales.
Quoi qu’il en soit, la polémique née de cette parodie de la Cène et la mobilisation qu’elle a suscitée jusqu’en Espagne montrent que le sujet reste sensible. Et ce même si les autorités religieuses sont restées discrètes sur le sujet, la Conférence des évêques de France se refusant notamment à tout commentaire. Preuve que le blasphème, délit supprimé en France en 1881, continue de faire débat et de mobiliser plus d’un siècle après.
