Ce mardi 12 avril 2024 restera une journée noire pour les Palestiniens de Cisjordanie. En l’espace de quelques heures, 12 d’entre eux ont perdu la vie dans trois raids distincts menés par l’armée israélienne. Une escalade meurtrière sans précédent dans ce territoire occupé où les affrontements se multiplient depuis deux ans, sans qu’aucune issue pacifique ne se profile à l’horizon.
Djénine et Tubas, épicentres des violences
C’est à l’aube que les forces israéliennes ont lancé leurs opérations, en ciblant en premier lieu la région de Djénine, dans le nord de la Cisjordanie. Selon l’armée, des raids aériens ont visé des « cellules terroristes armées », faisant cinq morts côté palestinien. Peu après, quatre autres personnes ont été tuées lors d’une incursion dans le district de Tubas, au nord-est.
Le village d’Aqaba a été le théâtre de violents affrontements entre soldats israéliens et jeunes palestiniens après que les forces d’occupation aient encerclé la maison d’Amid Ghanam, un habitant local. Ce dernier ainsi que deux autres personnes ont été abattues, tandis qu’un adolescent a également perdu la vie près d’un hôpital, d’après le gouverneur de Tubas.
L’adolescent a été tué de sang froid.
– Abdelrazzaq Abouarra, maire d’Aqaba
Kafr Qud, troisième front meurtrier
Plus tard dans la journée, l’armée israélienne a mené un troisième raid dans le village de Kafr Qud, à l’ouest de Djénine. Trois Palestiniens y ont été tués et deux autres blessés selon un bilan provisoire.
Une spirale de violence sans fin
Ces événements dramatiques s’inscrivent dans un contexte de tensions exacerbées en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. En deux ans, le conflit a fait plus de 600 morts côté palestinien, en majorité des combattants mais aussi des civils, dont des mineurs. Côté israélien, on dénombre au moins 17 morts, principalement des militaires, dans des attaques et attentats.
Cette flambée de violence a été aggravée par la guerre à Gaza déclenchée par le Hamas en octobre dernier. Mais au-delà de ce facteur ponctuel, ce sont les conditions d’occupation qui nourrissent une frustration et une colère grandissantes dans la population palestinienne :
- Expansion continue des colonies israéliennes en Cisjordanie.
- Restrictions de déplacement et bouclages imposés par l’armée.
- Démolitions de maisons et destructions de terres agricoles.
- Impunité des soldats et colons israéliens coupables d’exactions.
Face à cette violence du quotidien, certains Palestiniens basculent dans la lutte armée, souvent par désespoir. Les groupes radicaux comme le Hamas ou le Jihad islamique en profitent pour gagner en influence, attisant encore davantage le cycle des représailles.
Vers un embrasement général ?
Avec la multiplication des incursions militaires israéliennes, des jeunes Palestiniens prêts à en découdre et une escalade quasi-quotidienne, beaucoup craignent un embrasement général en Cisjordanie. D’autant que le processus politique est totalement à l’arrêt, sans négociations de paix à l’horizon.
Le nouveau gouvernement israélien mené par Benyamin Netanyahou, le plus à droite de l’histoire du pays, privilégie une approche sécuritaire musclée. Quant à l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, affaiblie et contestée, elle peine à reprendre la main. Dans ce contexte, difficile de voir comment sortir de l’engrenage.
Pour les Palestiniens de Cisjordanie, la guerre est devenue une réalité presque banale. Grandir, étudier, travailler sous occupation, avec la peur au ventre d’une arrestation arbitraire ou d’une balle perdue. Un quotidien sur le fil du rasoir, rythmé par les annonces macabres comme celles de ce mardi noir. Avec 12 morts supplémentaires, et des familles endeuillées des deux côtés qui n’ont d’autre choix que de continuer à vivre, en attendant des jours meilleurs. Mais quand viendront-ils ?