C’est une nouvelle qui résonne comme un écho : l’armée ukrainienne a annoncé lundi avoir à nouveau « coulé » le sous-marin russe Rostov-sur-le-Don dans le port de Sébastopol, en Crimée. Une attaque qui fait suite à une première frappe revendiquée par Kiev le 13 septembre 2023 contre ce même bâtiment, alors en cale sèche pour réparation. Mais dans cette guerre de l’information que se livrent les deux camps, difficile de démêler le vrai du faux…
Une première attaque en septembre 2023
Le 13 septembre dernier, l’armée ukrainienne avait mené un raid audacieux contre le chantier naval de Sébastopol où était amarré le Rostov-sur-le-Don, un sous-marin d’attaque de classe Kilo-M de la marine russe. Kiev avait alors revendiqué avoir touché deux navires. Et des images avaient effectivement montré la coque éventrée du submersible.
Pour de nombreux experts, les dégâts étaient si importants que le navire semblait condamné. « Tout effort pour le remettre en service prendrait des années et coûterait des centaines de millions de dollars » avait ainsi estimé le ministère britannique de la Défense. Mais quelques jours plus tard, les Russes annonçaient que le bâtiment allait être restauré, évoquant des « dommages non critiques ».
Un second raid le 1er août 2024 ?
Et le Rostov-sur-le-Don refait parler de lui, près d’un an après. Lundi, l’Ukraine a annoncé avoir mené un nouveau raid contre le port de Sébastopol, probablement le 1er août. Une attaque qui serait cette fois venue à bout du sous-marin selon Kiev.
Le ministère ukrainien de la Défense s’est félicité d’avoir “coulé le sous-marin d’attaque B-237 Rostov-na-Donu dans le port de Sébastopol”.
Le ministère ukrainien de la Défense
Tandis que la première frappe de septembre avait été menée avec des missiles de croisière Storm Shadow britanniques, celle-ci aurait été réalisée au moyen de missiles américains ATACMS. Des armes à longue portée et de haute précision qui donnent à l’Ukraine une nouvelle capacité de projection.
Moscou dément et évoque des réparations
Mais comme en septembre, la Russie conteste la version ukrainienne. Selon Moscou, le submersible n’aurait « pas été coulé » mais seulement « peut-être endommagé ». Il serait toujours en cours de réparation après la première attaque.
Mi-juillet, une source russe affirmait ainsi que « le sous-marin avait été retiré de la cale sèche avec succès » et que les travaux de remise en état se poursuivaient à flot. Information partiellement confirmée par la communauté OSINT qui avait localisé le Rostov-sur-le-Don, recouvert d’une bâche, dans la région de Sébastopol.
Images satellites attendues
Alors, le Rostov-sur-le-Don a-t-il définitivement sombré sous les coups ukrainiens ? Ou les déclarations de Kiev relèvent-elles avant tout de la guerre de l’information ? Difficile à dire en l’état. « Nous devons encore attendre plus de données pour une évaluation finale appropriée », juge un expert naval.
De premières images satellites suggèrent que le port de Sébastopol, là où était amarré le submersible, a bien été touché. Mais sans confirmer sa destruction. Des clichés plus précis, dans les prochains jours, pourraient permettre d’y voir plus clair.
Un camouflet pour la Russie
Coulé ou pas, les attaques ukrainiennes contre le Rostov-sur-le-Don n’en demeurent pas moins un camouflet pour la Russie. Ce sous-marin de classe Kilo-M modernisé est en effet capable de tirer des missiles de croisière Kalibr. Des armes utilisées massivement par Moscou pour frapper les infrastructures ukrainiennes en profondeur.
En le ciblant à deux reprises, l’Ukraine montre sa capacité à atteindre des bâtiments stratégiques, même à quai. Au risque de pousser la flotte russe à un repli, toujours plus loin de la zone de combat. Un succès tactique indéniable, même s’il ne change pas fondamentalement le cours de la guerre qui se joue surtout à terre.
Au final, le feuilleton du Rostov-sur-le-Don illustre bien cette guerre de l’information que se livrent Kiev et Moscou, chacun revendiquant des succès et minimisant ses pertes. Une bataille où la vérité est souvent la première victime, noyée entre propagande et désinformation. Et où il faut souvent attendre de longues semaines pour y voir plus clair, quand des preuves tangibles finissent par émerger.