C’est une success story à l’américaine. Celle d’un homme parti de rien, ou presque, qui a bâti un empire immobilier clinquant à la force du poignet. Avant de devenir le 45e président des États-Unis, Donald Trump s’est d’abord fait un nom comme magnat de l’immobilier dans les années 1980 à New York. Retour sur l’ascension fulgurante de ce personnage hors norme dans la jungle new-yorkaise.
Des débuts modestes dans le Queens
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Donald Trump n’est pas né dans un berceau doré à Manhattan. C’est dans le quartier populaire de Jamaica, dans le Queens, que le jeune Donald grandit au sein d’une famille de la classe moyenne. Son père, Fred Trump, est un promoteur immobilier prospère qui construit des logements abordables pour les classes populaires de New York.
Dans l’ombre de son père, le jeune Trump fait ses premières armes dans l’immobilier et apprend les ficelles du métier. Après des études à la Wharton School, il rejoint l’entreprise familiale en 1968. Mais très vite, l’ambitieux Donald veut voir plus grand. Son rêve : conquérir Manhattan et son skyline mythique.
L’audacieux pari de la Trump Tower
En 1983, Donald Trump se lance dans un projet immobilier d’envergure qui va changer le cours de sa vie : la construction de la Trump Tower sur la très chic Cinquième Avenue. Une tour de 58 étages et de 200 mètres de haut, entièrement habillée de verre et de marbre, qui incarne le rêve de grandeur de son concepteur.
Mais dans le New York des années 1980, rien n’est facile. Pour imposer son building, Trump doit batailler ferme avec les autorités de la ville, subir les moqueries de l’élite new-yorkaise qui voit d’un mauvais œil cet ambitieux venu des quartiers populaires, et même affronter la mafia locale sur certains chantiers. Avec son style flamboyant et son goût de la provocation, le jeune loup de l’immobilier ne laisse personne indifférent.
“Ils riaient de moi au départ. Mais qui rit le dernier rit le mieux. Quand la Trump Tower a ouvert ses portes, ils ont arrêté de rire, croyez-moi.”
Donald Trump
L’irrésistible ascension du magnat de l’immobilier
Avec l’inauguration en grande pompe de la Trump Tower en 1983, Donald Trump change de dimension. L’immeuble aux allures de paquebot devient le symbole clinquant de la réussite du milliardaire. Son triplex au sommet de la tour, décoré dans un style rococo tapageur, fait régulièrement la une des magazines.
Fort de ce succès, le golden boy de l’immobilier enchaîne les projets de prestige à New York et Atlantic City dans les années 1980 et 1990 :
- Des hôtels de luxe comme le Grand Hyatt ou le Trump Taj Mahal
- Des gratte-ciel rutilants à son nom, dont la Trump World Tower
- Des casinos et des golfs, sa grande passion
En quelques années, Donald Trump bâtit un empire tentaculaire et devient une célébrité médiatique incontournable. Mais le milliardaire, soucieux de son image, reste un étranger dans le gotha new-yorkais qui le snobe. Cette dissonance jouera un rôle clé dans sa future conquête du pouvoir, en lui permettant d’incarner les oubliés face aux élites.
La chute et le rebond
Au début des années 1990, l’empire Trump vacille. Criblé de dettes après des investissements hasardeux, notamment dans les casinos d’Atlantic City, le magnat frôle la banqueroute. Son divorce ultra-médiatisé avec Ivana lui coûte aussi un bras. Mais le bâtisseur parvient à rebondir en renégociant sa dette et en réorientant ses activités.
Propulsé au rang de star par l’émission de télé-réalité “The Apprentice”, Trump repart de l’avant dans les années 2000. Tout en poursuivant ses projets immobiliers, comme la Trump International Hotel and Tower à Chicago, il développe une stratégie de licence en apposant son nom sur des bâtiments construits par d’autres. Une manière de faire fructifier la marque Trump à l’international, de Dubaï à Manille.
De la Trump Tower à la Maison Blanche
En 2015, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour Donald Trump. Devant les caméras du monde entier, il annonce sa candidature aux primaires républicaines depuis le perron de sa chère Trump Tower. Une candidature d’abord jugée farfelue par l’establishment, mais qui va créer la surprise.
En se posant en héraut des classes populaires lassées de la mondialisation face aux élites bien-pensantes, le milliardaire frappe un grand coup. Son discours anti-establishment et sa promesse de “Make America Great Again” font mouche auprès d’une partie des électeurs.
Élu 45e président des États-Unis contre toute attente en novembre 2016, Donald Trump quitte son fief new-yorkais pour Washington. Mais il n’en oublie pas pour autant ses racines, continuant de gérer son empire immobilier en parallèle de ses fonctions. Et c’est logiquement à Manhattan, dans sa Trump Tower clinquante, qu’il choisit de passer l’essentiel de son temps une fois son mandat terminé début 2021.
En dépit d’une présidence unique et chaotique, couronnée par deux mises en accusation historiques, Donald Trump n’a jamais renié son passé de promoteur. “Je suis fier d’être un bâtisseur, c’est dans mon ADN“, a-t-il coutume de dire. L’empire immobilier qu’il a bâti à New York reste le socle de sa fortune, estimée à 2,5 milliards de dollars par Forbes, et le symbole de son irrésistible ascension. Une ascension en forme de revanche sur le mépris des élites, qui continue de nourrir ses ambitions politiques aujourd’hui.