À quelques mois du coup d’envoi des Jeux Olympiques 2024 à Paris, un spectre inquiétant plane sur l’événement : celui d’une recrudescence massive de la prostitution. Avec l’afflux de millions de visiteurs attendus dans la capitale, les autorités redoutent de voir exploser le nombre de personnes contraintes de se prostituer, souvent victimes de réseaux criminels sans scrupules profitant de l’aubaine pour s’enrichir sur la misère humaine.
Face à cette menace, les pouvoirs publics se mobilisent. Campagnes de sensibilisation choc, formations des professionnels susceptibles d’être confrontés au phénomène, mise en place de dispositifs pour faciliter les signalements… Tout est mis en œuvre pour tenter d’enrayer cette vague d’exploitation sexuelle annoncée.
Une campagne de prévention coup de poing
Pour alerter le grand public sur les risques de la prostitution, la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) a lancé une vaste campagne d’affichage. Sur les visuels, des images suggestives laissent deviner l’horreur vécue par les personnes prostituées, avec ce slogan sans équivoque : « En France, c’est jusqu’à 150 000 euros d’amende. »
L’objectif est clair : rappeler que le recours à la prostitution est un délit sévèrement puni par la loi, et qu’à fortiori pendant les Jeux, les clients s’exposent à de lourdes sanctions. Un message martelé également dans les spots radio et télé qui accompagnent le dispositif.
Former pour mieux repérer et agir
En parallèle, un vaste plan de formation des professionnels est déployé. Agents des forces de l’ordre, personnel hôtelier, travailleurs sociaux, bénévoles associatifs… Tous ceux qui pourraient être amenés à croiser la route de personnes prostituées ou de clients pendant l’événement sont sensibilisés aux bons réflexes à adopter.
« Il est crucial que chacun soit en capacité de repérer une situation à risque, de réagir de manière adaptée et d’orienter les victimes vers les structures compétentes »
souligne-t-on au ministère de l’Intérieur.
Des outils pratiques, comme des guides et des modèles de fiches de signalement, sont également mis à disposition des professionnels pour les aider dans leur mission.
Faciliter les signalements
Avec la complicité des plateformes de réservation en ligne, un dispositif d’alerte spécifique a par ailleurs été mis en place pour les hôtels. En cas de doute sur une situation de prostitution, les établissements peuvent ainsi remplir un formulaire dédié pour alerter les autorités, via un circuit court et sécurisé.
L’objectif : faciliter les remontées du terrain pour permettre une réaction rapide des services compétents, et in fine mieux protéger les victimes. Un système qui, s’il fait ses preuves pendant les Jeux, pourrait être pérennisé.
Malgré les efforts, l’inquiétude demeure
Si ces différentes actions vont dans le bon sens, beaucoup craignent malgré tout qu’elles ne suffisent pas à endiguer le phénomène. Car en coulisses, les réseaux criminels s’activent déjà, comme en témoigne l’explosion du nombre d’annonces à caractère sexuel en ligne à l’approche de l’événement.
Pour les associations, il est urgent d’aller plus loin, en renforçant les moyens humains et financiers dédiés à la lutte contre la traite. Et de miser plus encore sur la prévention en amont, auprès des publics les plus fragiles.
« On ne pourra pas empêcher toutes les dérives, mais on peut encore limiter les dégâts en intensifiant dès maintenant nos efforts. »
martèle une responsable du Mouvement du Nid.
À quelques mois du coup d’envoi des Jeux, la bataille contre l’exploitation sexuelle est plus que jamais engagée. Avec l’espoir, malgré tout, de parvenir à préserver un peu d’humanité derrière les paillettes de la fête.
