Le secteur bancaire français continue sa mue. Société Générale, un des poids lourds de la place parisienne, a annoncé ce lundi la signature d’accords exclusifs pour céder deux de ses filiales de banque privée en Europe. Les acquéreurs ? La banque suisse UBP (Union Bancaire Privée), qui met sur la table environ 900 millions d’euros pour mettre la main sur SG Kleinwort Hambros au Royaume-Uni et Société Générale Private Banking en Suisse.
Une cession stratégique pour Société Générale
Pour le groupe dirigé par Slawomir Krupa, cette opération s’inscrit dans la feuille de route stratégique visant à façonner un modèle plus simple et performant, tout en renforçant le capital. Les deux filiales concernées gèrent un portefeuille d’activités totalisant près de 25 milliards d’euros. Un montant significatif, mais qui ne représente finalement qu’une petite partie des 1500 milliards d’euros d’actifs gérés par Société Générale.
L’opération, si elle se concrétise, pourrait être finalisée au premier trimestre 2025, sous réserve des procédures sociales applicables et de la validation des autorités réglementaires. Elle s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie du groupe depuis un peu plus d’un an, qui multiplie les cessions, principalement dans la banque de détail à l’international.
Une vague de cessions en cours
En effet, Société Générale a aussi annoncé parallèlement un projet de cession de sa filiale de banque de détail à Madagascar à la Bred, une des caisses du groupe BPCE. En termes de taille, c’est une opération plus modeste : la filiale malgache compte 65 agences et 900 salariés, pour un produit net bancaire de 86 millions d’euros en 2022. Mais elle confirme la volonté du groupe de se recentrer sur ses marchés clés.
Récemment, Société Générale a déjà cédé ses activités au Bénin et au Togo. Et en avril, le groupe avait annoncé la cession de son portefeuille de financement d’équipements professionnels à BPCE. Cette dernière réalise donc coup sur coup deux acquisitions dans le giron de la Société Générale.
Une rentabilité en hausse malgré tout
Malgré ces cessions, Société Générale a publié des résultats en hausse au deuxième trimestre 2023 :
- Bénéfice net de 1,1 milliard d’euros (+3,7% sur un an)
- Porté par la bonne santé de sa banque de financement et d’investissement
- Des résultats supérieurs aux attentes des analystes
Les résultats de ce trimestre traduisent une amélioration soutenue de la profitabilité conformément à notre feuille de route et à notre trajectoire pour atteindre nos objectifs financiers.
– Slawomir Krupa, directeur général de Société Générale
Malgré ces bons chiffres, l’action Société Générale a été lourdement sanctionnée en bourse après cette publication. Preuve que les marchés attendent encore des gestes forts de la part de la nouvelle direction pour redresser durablement la rentabilité et la compétitivité du groupe. Les cessions en cours ne semblent être qu’une première étape dans une vaste réorganisation qui pourrait prendre plusieurs années.
Quelle stratégie pour l’avenir ?
Au-delà de la banque de détail à l’international, d’autres activités pourraient être sur la sellette dans les prochains mois ou les prochaines années :
- La banque de détail en France, avec la fusion récente du réseau Société Générale et Crédit du Nord
- Les activités de marché, dont la rentabilité est sous pression avec la nouvelle réglementation
- La gestion d’actifs et la banque privée, malgré les récentes cessions
Il faudra suivre de près les prochaines annonces de la direction pour comprendre quelle sera la Société Générale de demain. Une chose est sûre : le groupe devra trouver le bon équilibre entre recentrage et développement, entre réduction des coûts et investissements, pour rester un acteur de premier plan de la banque européenne dans un environnement de plus en plus concurrentiel et réglementé.