Les marchés boursiers asiatiques sont pris dans la tourmente ce lundi matin, alors que la Bourse de Tokyo dévisse dans le sillage de Wall Street. L’indice Nikkei a ouvert la séance en chute libre, perdant plus de 6% en début de matinée. Cette dégringolade fait suite à un vendredi noir pour les marchés américains, plombés par des inquiétudes grandissantes quant à la santé de l’économie des États-Unis.
Un cocktail explosif pour les marchés
Plusieurs facteurs se conjuguent pour provoquer ce vent de panique sur les places boursières asiatiques. Tout d’abord, la publication vendredi d’un rapport préoccupant sur l’emploi américain a fait l’effet d’une douche froide à Wall Street. Les créations d’emplois ont été bien inférieures aux attentes, faisant craindre un net ralentissement de la première économie mondiale.
En parallèle, la remontée soudaine et inattendue du yen pénalise fortement les entreprises exportatrices japonaises. La devise nippone, qui s’était affaiblie ces derniers mois, gagne du terrain face au dollar, suite à des interventions de la Banque du Japon sur le marché des changes la semaine passée. Un yen fort réduit mécaniquement la compétitivité et les profits des multinationales japonaises lorsqu’elles rapatrient leurs gains en devises.
Les banques japonaises en première ligne
Dans ce contexte d’aversion au risque, les valeurs bancaires japonaises figurent parmi les plus lourdement sanctionnées. Les géants Mitsubishi UFJ Financial Group, Sumitomo Mitsui Financial Group et Mizuho voient leur cours s’effondrer de plus de 10%. La volatilité des marchés et la perspective de voir la croissance ralentir pèsent sur le secteur financier.
Les marchés asiatiques s’apprêtent à vivre une journée difficile, encore sous le choc des bouleversements sismiques survenus vendredi dernier dans le paysage financier mondial.
Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management
L’économie mondiale en question
Au-delà du Japon, c’est l’ensemble de l’économie mondiale qui suscite des interrogations. Le spectre d’une récession aux États-Unis, qui entraînerait dans son sillage les autres grandes puissances, refait surface. Les indicateurs avancés se dégradent, comme en témoigne la contraction de l’activité manufacturière américaine en juillet.
Face à ces vents contraires, les banques centrales sont confrontées à un difficile exercice d’équilibriste. Elles doivent juguler une inflation persistante sans pour autant casser la croissance avec des hausses de taux trop brutales. Un resserrement monétaire trop rapide fait craindre un atterrissage en catastrophe de l’économie.
Dans ce climat anxiogène, les marchés scruteront cette semaine une série d’indicateurs économiques clés, en quête de signaux rassurants. Les prochains jours s’annoncent déterminants pour jauger la résilience de la reprise post-Covid et la capacité des banques centrales à piloter un atterrissage en douceur. D’ici là, la fébrilité devrait rester de mise sur les principales places boursières mondiales.