C’est un exploit retentissant qui s’est produit samedi soir sur la piste détrempée du Stade de France. Julien Alfred, jeune sprinteuse de 23 ans originaire de Sainte-Lucie, a créé une énorme surprise en remportant la finale du 100 mètres féminin des Jeux olympiques de Paris 2024 en 10 secondes 72. Elle devance la grande favorite américaine Sha’Carri Richardson (10.87) et offre à son île caribéenne natale la toute première médaille olympique de son histoire.
Une victoire historique pour Sainte-Lucie
Alors que tous les regards étaient braqués sur Richardson, championne du monde en titre et sprinteuse la plus rapide de la saison, c’est finalement Alfred qui a surgi de la pluie pour s’emparer de l’or olympique. Grâce à un départ canon et une foulée ample, la native de Sainte-Lucie a dominé la course de bout en bout pour s’imposer avec autorité devant les deux Américaines.
Pour Sainte-Lucie, petit état insulaire d’environ 180 000 habitants situé dans les Caraïbes, ce titre est tout simplement historique. Depuis ses débuts aux Jeux en 1996, le pays n’avait jamais décroché la moindre médaille olympique. Grâce à l’exploit de Julien Alfred, Sainte-Lucie entre donc dans le club très fermé des nations médaillées.
Le couronnement d’une saison exceptionnelle
Si cette victoire peut sembler surprenante pour le grand public, les observateurs avertis avaient bien identifié le potentiel de Julien Alfred. Formée aux États-Unis à l’université du Texas, la jeune femme s’entraîne depuis plusieurs années au sein d’un groupe de très haut niveau comprenant notamment Dina Asher-Smith, multiple médaillée mondiale.
Cet hiver, Alfred avait déjà frappé un grand coup en devenant championne du monde en salle du 60 mètres à Glasgow. Une performance qui laissait augurer de grandes choses pour les Jeux olympiques, d’autant qu’elle avait dû faire l’impasse sur ceux de Tokyo en 2021 à cause d’une blessure.
Cette médaille serait surtout importante pour mon entraîneur et moi, récompense de nos sacrifices.
Julien Alfred avant la finale
La faillite des favorites jamaïcaines
Pour remporter ce sacre olympique, Alfred a profité de l’absence ou de la défaillance des grandes favorites jamaïcaines. Titrées à Tokyo avec un triplé historique, aucune des trois médaillées de 2021 n’a pu défendre ses chances à Paris :
- Elaine Thompson-Herah, double tenante du titre, absente sur blessure
- Shericka Jackson qui a préféré se concentrer sur le 200m
- Shelly-Ann Fraser-Pryce, légende du sprint (or en 2008 et 2012), forfait avant les demi-finales
Malgré tout le talent de Julien Alfred, force est de constater que ces absences de marque lui ont ouvert un boulevard vers l’or olympique. Son duel tant attendu avec Sha’Carri Richardson, autre étoile montante du sprint, a finalement accouché d’une souris.
La déception Richardson
Annoncée comme la grande favorite après son titre mondial de 2022, l’Américaine de 24 ans n’a pas su gérer la pression de l’évènement. Partie une nouvelle fois très moyennement, son point faible, Richardson n’a jamais réussi à revenir sur Alfred et doit se contenter de l’argent. Une immense désillusion pour celle qui espérait triompher à Paris après avoir raté les Jeux de Tokyo suite à une suspension pour un contrôle positif à la marijuana.
Visiblement très affectée par cet échec, la native de Dallas a quitté le Stade de France sans un mot, esquivant les médias. Elle qui rêvait de revanche devra patienter encore 4 ans, jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, pour espérer décrocher enfin le Graal olympique sur la distance reine.
Un avenir radieux pour Alfred
De son côté, Julien Alfred peut savourer son immense exploit et l’écriture d’une page d’histoire pour son pays. À 23 ans seulement, elle apparaît désormais comme la nouvelle reine du sprint mondial. Avec sa technique de course fluide et sa résistance mentale, la Saint-Lucienne a tous les atouts pour dominer la discipline dans les années à venir et s’attaquer aux records.
Reste à savoir si elle parviendra à gérer l’onde de choc de ce premier sacre olympique. Son histoire personnelle difficile, marquée par la mort prématurée de son père et un départ du foyer familial à 14 ans pour rejoindre la Jamaïque, laisse penser que cette grande championne a les ressources mentales pour rester au sommet. Le 200m, dont elle aura sans doute l’ambition de décrocher l’or la semaine prochaine à Paris, sera un test révélateur.
Une chose est sûre : le triomphe de Julien Alfred à Paris restera à jamais comme l’un des moments les plus marquants de ces Jeux olympiques 2024. Par son parcours et sa rage de vaincre, cette jeune femme incarne à merveille les valeurs de l’olympisme. En redonnant espoir et fierté à tout un peuple, elle est déjà entrée dans la légende du sport.