C’était censé être une soirée ordinaire pour Maxime et Ryan, un jeune couple homosexuel de Corbeil-Essonnes. Mais en l’espace de quelques minutes, leur vie a basculé. Alors qu’ils étaient accompagnés du père de Maxime, ils ont été pris à partie par cinq hommes ivres qui leur ont lancé des insultes homophobes avant de passer à l’attaque physique d’une violence inouïe.
Ryan : « À quelques centimètres près, leur couteau finissait dans mon cœur »
Encore sous le choc, Ryan, 30 ans, raconte : « On se tenait par le bras discrètement avec Maxime. Mais je pense qu’ils nous avaient repérés avant. Dans leurs yeux, j’ai vu la haine de ce que je suis. Et cette haine a été démultipliée parce que je suis Maghrébin, comme eux. » Les agresseurs n’y sont pas allés de main morte. Bilan : 17 agrafes pour Ryan et 40 pour le père de Maxime qui a tenté de s’interposer. « J’aurais pu mourir », souffle Ryan. « À quelques centimètres près, leur couteau finissait dans mon cœur. »
Fuir l’Algérie pour mieux revivre l’homophobie en France
Pour Ryan, cette agression ravive de douloureux souvenirs. Algérien d’origine, il avait fui son pays natal en 2017 pour échapper à un père que l’homophobie avait rendu cruel. « À 13 ans, il m’a enfermé plusieurs jours nu, dans une cage, pour me ‘soigner’ et me rendre hétéro, » confie-t-il. Arrivé en France en 2019 après une escale en Espagne, il espérait enfin vivre libre et sans peur. Mais la réalité l’a vite rattrapé. « Un gay rebeu, ça ne plaît pas. J’ai droit à des pédé, pute, salope fréquemment. Une fois, après une soirée, des mecs aux propos homophobes m’ont menacé de viol. »
Les suspects identifiés, dont un certain Islam H.
Les quatre suspects de cette sauvage tentative de meurtre homophobe ont été identifiés. Ils se nomment Islam H., Aymen R., Karim D. et Nessim N., selon une source policière. Une opération menée dans deux squats de la ville a déjà permis l’interpellation de Islam H., 32 ans, né en Algérie. Lors de ses auditions, il a nié avoir participé à l’agression, affirmant au contraire être intervenu pour secourir les victimes. Une version qui laisse plus que sceptique. Il a été déféré en vue d’une ouverture d’information.
« Dans ses yeux, j’ai vu la haine de ce que je suis. Et sa haine a été démultipliée parce que je suis Maghrébin, comme lui. » – Ryan, victime de l’agression
Ryan, 30 ans, victime de l’agression homophobe à Corbeil-Essonnes
L’enquête se poursuit, le couple envisage de déménager
Une information judiciaire a été ouverte des chefs de tentative de meurtre et d’injures publiques à raison de l’orientation sexuelle des victimes. Les trois autres suspects courent toujours. Maxime et Ryan, eux, ont reçu respectivement 31 et 20 jours d’ITT. Ils envisagent désormais de quitter leur paisible résidence de Corbeil-Essonnes. Un déménagement forcé, pour fuir la peur et la haine, une nouvelle fois. Mais pour aller où ? Dans un pays où les crimes homophobes ont augmenté de 36% en 2022, leur avenir semble plus qu’incertain.
Cette effroyable agression est malheureusement loin d’être un cas isolé. Elle illustre la prégnance de l’homophobie et de la haine anti-LGBT qui gangrènent encore notre société. Des actions concrètes et un sursaut collectif sont plus que jamais nécessaires pour endiguer ce fléau et permettre à chacun de vivre sa vie sans avoir à regarder constamment par-dessus son épaule. Car l’amour, lui, n’a pas de genre ni de couleur. Et il mérite d’être vécu au grand jour, en toute liberté.