Alors que les athlètes français enchaînent les exploits et les médailles aux Jeux Olympiques de Paris, le président Emmanuel Macron et le premier ministre sortant Gabriel Attal ne manquent pas une occasion de s’afficher à leurs côtés. Accolades appuyées, félicitations largement médiatisées, présence remarquée dans les tribunes… Les deux hommes forts de l’exécutif entendent bien profiter de cet “effet JO” et de l’euphorie qu’il suscite dans le pays.
Des politiques en quête d’une image positive
Après des mois difficiles marqués par les tensions sociales, les réformes controversées et une impopularité record, Emmanuel Macron et Gabriel Attal voient dans ces Jeux Olympiques une opportunité en or de redorer leur blason. En s’associant aux victoires des sportifs tricolores, ils espèrent bénéficier par ricochet d’un capital sympathie.
Une stratégie de communication bien rodée, qui n’est pas sans rappeler celle déployée par d’autres présidents avant eux, de Jacques Chirac et son emblématique “crochet du droit” en 1998, à François Hollande et ses embrassades avec les Bleus en 2018. Tous ont tenté, avec plus ou moins de succès, de surfer sur la vague positive du sport.
Des bénéfices politiques à court terme
Nul doute que ces effusions présidentielles et ministérielles apportent un coup de projecteur bienvenu en cette période estivale habituellement creuse politiquement. Les images d’un Emmanuel Macron tout sourire aux côtés des champions connaissent une large diffusion médiatique, occultant momentanément les sujets qui fâchent.
Et dans les sondages, les premiers effets semblent se faire sentir. Selon un baromètre Ifop, la cote de popularité d’Emmanuel Macron enregistre un léger rebond de 2 points depuis le début des Jeux, à 34% d’opinions positives, tandis que celle du Premier ministre grimpe de 3 points à 31%. Des hausses certes modestes, mais qui mettent un terme à des mois de dégringolade continue.
Il est encore trop tôt pour parler d’un véritable “effet JO” sur l’opinion, nuance toutefois Bernard Sananès, le président de l’institut Elabe. Les Français sont davantage dans l’émotion et la fierté immédiate que dans un jugement politique de fond.
Bernard Sananès, président de l’institut Elabe
Un engouement éphémère sans lendemain ?
Car passée l’euphorie des podiums, le retour à la réalité pourrait être brutal pour l’exécutif. De nombreux défis attendent Emmanuel Macron et Gabriel Attal à la rentrée :
- La mise en oeuvre controversée de la réforme des retraites
- La flambée des prix de l’énergie et la menace de pénurie
- Les inquiétudes sur le pouvoir d’achat et les mouvements sociaux
- Les tensions persistantes dans les banlieues
Autant de dossiers brûlants sur lesquels les médailles olympiques n’auront que peu de prise. L’effet JO, aussi intense soit-il, a une durée de vie limitée. Les précédents historiques l’ont montré : le Mondial 98 n’a pas empêché la dissolution de Jacques Chirac un an plus tard. Quant à François Hollande, son regain de popularité post-Mondial 2018 n’a pas inversé durablement la courbe.
Paris 2024, un tremplin pour le prochain quinquennat ?
Au-delà de l’effet immédiat, Emmanuel Macron espère toutefois capitaliser politiquement sur ces JO, et surtout sur les prochains. Car Paris 2024, c’est un peu son “bébé”, un héritage de son premier quinquennat. En bonne place dans les tribunes cette année, il compte bien l’être encore plus dans trois ans, en pleine année pré-électorale.
Le président pense déjà à l’après. Les Jeux de Paris seront un temps fort de son quinquennat, un levier pour projeter une France dynamique et conquérante à l’international. C’est un rendez-vous qu’il prépare avec soin.
Un proche d’Emmanuel Macron
Surfant sur la dynamique olympique et ses futures retombées, Emmanuel Macron semble déjà en campagne pour sa réélection. Oubliant que d’ici là, de nombreuses épreuves politiques se dresseront sur son chemin. Des obstacles que même le plus beau des “effets JO” ne saurait gommer d’un revers de médaille.
