C’est l’histoire peu banale d’un choix de vie radical. Celui d’une famille qui a décidé de quitter son petit pavillon de banlieue pour s’installer au cœur de la cité de La Beaucaire, l’un des quartiers les plus sensibles de Toulon. Une expérience d’immersion totale, motivée par un désir d’aller à la rencontre de l’autre et de casser les préjugés. Retour sur un pari osé.
Élire domicile à La Beaucaire, un choix mûrement réfléchi
Pour beaucoup, la cité de La Beaucaire rime avec insécurité, trafics et pauvreté. Une réputation sulfureuse qui n’a pas effrayé cette famille, bien au contraire. « On savait que c’était pour une aventure complètement folle », confie la mère de famille. « Mais nous avions envie de découvrir une autre réalité, loin des clichés. »
Le projet a mis du temps à mûrir. Le couple a multiplié les visites dans le quartier, rencontré des habitants, des associations. « Nous voulions être sûrs de notre choix, ne pas foncer tête baissée », explique le père. Une fois la décision prise, tout s’est enchaîné très vite : résiliation du bail, cartons, déménagement.
Un appartement au cœur de la cité
C’est donc dans un appartement de la cité de La Beaucaire que la famille a posé ses valises il y a maintenant 6 mois. Un logement modeste mais fonctionnel, avec vue sur les immeubles alentours et leurs façades décrépies. Le choc est rude pour les enfants, deux adolescents qui ont dû quitter leurs amis et changer d’école.
Les premiers jours, on avait l’impression d’avoir atterri sur une autre planète. Les codes, les modes de vie, tout était différent.
La fille aînée
Un quotidien entre découvertes et défis
Très vite, la famille découvre un quotidien fait de contrastes. Des moments de convivialité avec les voisins, des repas partagés, des éclats de rire dans la cour. Mais aussi des difficultés : bruit, dégradations, tensions palpables.
Pour s’intégrer, tous mettent un point d’honneur à participer à la vie de la cité. Les parents s’impliquent dans l’association de locataires, les ados fréquentent la maison de quartier. Peu à peu, leur présence devient familière et les langues se délient, de part et d’autre.
Contrairement aux idées reçues, on rencontre ici des gens formidables, avec des parcours de vie incroyables. C’est une richesse folle.
Le père
Des solidarités inattendues
Au fil des mois, les liens se tissent. La famille peut compter sur le soutien de nombreux habitants : coups de main pour les courses, garde des enfants, conseils en tous genres. Une solidarité qui fait chaud au coeur.
Pourtant, le chemin n’est pas sans embûches. Un soir, leur voiture est vandalisée. Un choc qui ébranle leurs convictions. Doivent-ils jeter l’éponge ? C’est le moment que choisit une voisine pour leur déclarer, émue : « Ne partez pas. On a besoin de gens comme vous ici. »
Une expérience transformatrice
Six mois après leur installation, quel bilan tire la famille de cette expérience hors norme ? « Cela nous a transformés », résume la mère. « On relativise beaucoup de choses. On réalise la chance qu’on a. Et surtout, on a appris à aller vers l’autre sans a priori. »
Un constat partagé par les enfants, qui se disent grandis par cette immersion : « Avant, la cité c’était une image floue, presque menaçante. Maintenant, on sait que derrière les façades, il y a des gens qui luttent, qui espèrent, qui s’entraident. Et ça, ça n’a pas de prix. »
Le chemin est encore long et nul ne sait combien de temps cette aventure durera. Mais une chose est sûre : pour cette famille, plus rien ne sera jamais comme avant. Car une fois qu’on a goûté à la richesse de la mixité, difficile de reprendre une vie entre soi, loin de cette ébullition sociale.
C’est un peu comme si on avait ouvert une porte sur un monde parallèle, juste à côté de chez nous. Un monde imparfait mais tellement vivant. Comment refermer cette porte ?
La mère de famille
Une question qui continuera sans doute longtemps de les tarauder, bien après la fin de cette incroyable expérience. Car c’est tout l’enjeu de cette histoire : une fois éveillés à une réalité nouvelle, comment revenir en arrière ? Un défi qu’ils n’imaginaient sans doute pas avoir à relever, le jour où ils ont posé leurs valises à La Beaucaire.