La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 a fait couler beaucoup d’encre. Certains tableaux, jugés blasphématoires ou obscènes, ont suscité l’indignation. Face à la polémique, Patrick Boucheron, co-auteur du spectacle aux côtés de Thomas Jolly, sort du silence et livre ses explications.
La “Cène subliminale” au cœur des critiques
L’un des tableaux les plus controversés représentait une scène ressemblant à la Cène de Léonard de Vinci, mais revisitée avec des danseurs queers, une DJ à l’auréole et un homme nu. L’Église de France a déploré “des scènes de dérision et de moquerie du christianisme”. Patrick Boucheron reconnaît la ressemblance, mais assure qu’il n’y avait “ni blasphème, ni moquerie”.
Je ne peux prétendre que les gens ont tort de voir ce qu’ils ont vu.
– Patrick Boucheron
Selon lui, l’intention était plutôt de “jouer des connotations dionysiennes”, en référence au Festin des dieux exposé à Dijon. Il préfère parler de “Cène subliminale”, tout en dénonçant une polémique “tout sauf spontanée” et l’expression d’une “homophobie ordinaire”.
Marie-Antoinette décapitée : parodie ou icône pop ?
Un autre tableau polémique montrait la tête chantante de Marie-Antoinette depuis une fenêtre de la Conciergerie. Patrick Boucheron défend “l’équivalent ironique” de la cérémonie de Londres avec Elizabeth II. Selon lui, la reine décapitée était à la fois “une sainte céphalophore” et “une icône pop”, loin d’une parodie obscène de la Terreur.
Des “grands hommes” zappés par la météo
L’absence remarquée de figures historiques comme Louis XIV ou Napoléon s’expliquerait par la pluie. Sans les intempéries, ces “grands souverains” auraient défilé en skateboard et BMX sur une barge figurant les jardins de Versailles, mêlés aux tirailleurs sénégalais et aux Gavroches. Une volonté de déconstruire le roman national, selon l’historien.
La mystérieuse cavalière de l’Apocalypse
Enfin, la cavalière métallique sur son cheval mécanique a aussi intrigué. Certains y ont vu Jeanne d’Arc, la Seine ou un cavalier de l’Apocalypse annonçant mort et destruction. Là encore, Patrick Boucheron laisse libre cours à l’interprétation : “La cavalière est-ce vous voulez qu’elle soit”. Un motif ouvert, dont les connotations eschatologiques n’excluent pas d’autres lectures.
Au final, le co-auteur assume la polysémie de cette cérémonie atypique. Entre humour potache, “disponibilité conceptuelle” et possibles doubles sens, il laisse à chacun la liberté de se faire son avis. Reste à savoir si ses explications suffiront à éteindre la polémique qui a quelque peu terni ce coup d’envoi des JO parisiens.
