C’est un coup de tonnerre diplomatique qui vient de retentir entre Alger et Paris. L’Algérie a en effet décidé de rappeler « avec effet immédiat » son ambassadeur en France, en réaction à l’annonce par Emmanuel Macron d’un renforcement du soutien français au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental. Une décision qui marque une nouvelle escalade dans ce conflit territorial vieux de près d’un demi-siècle.
Le Sahara occidental, pomme de discorde entre le Maroc et l’Algérie
Colonie espagnole jusqu’en 1975, le Sahara occidental est depuis l’objet d’une âpre lutte entre le Maroc, qui contrôle environ 80% du territoire et propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui réclame un référendum d’autodétermination. Malgré un cessez-le-feu signé en 1991, ce dernier n’a jamais été organisé et les tensions demeurent vives.
La France reconnaît la « marocanité » du Sahara occidental
La décision française constitue un tournant majeur. Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, Emmanuel Macron affirme en effet que le plan d’autonomie marocain est « la seule base sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre le conflit, considérant que « l’avenir du Sahara occidental s’inscrit dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Un soutien explicite qui rompt avec la position traditionnelle de neutralité de la diplomatie française.
L’Algérie dénonce une « caution au fait colonial »
Réaction immédiate et virulente d’Alger, qui accuse la France de « bafouer la légalité internationale » et de « prendre fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ». Le gouvernement algérien estime que Paris « a fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara occidental », un « pas qu’aucun autre gouvernement français n’avait franchi auparavant ».
La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires
Ministère algérien des Affaires étrangères
Quelles répercussions géopolitiques ?
Cette crise diplomatique risque d’envenimer encore davantage les relations déjà tendues entre l’Algérie et le Maroc, dont les frontières sont fermées depuis 1994. Elle pourrait également compliquer les efforts de l’ONU pour relancer le processus de paix dans la région. Certains craignent même un regain des hostilités armées entre les forces marocaines et les indépendantistes du Polisario.
De son côté, la France semble avoir fait le choix d’un soutien assumé à son allié marocain, au risque de détériorer durablement ses liens avec l’Algérie. Une stratégie qui s’inscrit dans le cadre plus large de la rivalité d’influence entre les deux ex-puissances coloniales au Maghreb. Reste à savoir si Paris parviendra à préserver ses intérêts dans la région, tout en évitant une escalade dangereuse des tensions.