Au cœur de la majestueuse Bibliothèque nationale de France se dissimule un trésor bien gardé : l’Enfer. Non, il ne s’agit pas du royaume de Satan, mais bien d’une section entière dédiée aux ouvrages érotiques rares et précieux. Un véritable cabinet de curiosités littéraires qui ne cesse de fasciner et d’intriguer. Prêt à plonger dans les tréfonds de cette collection unique au monde ?
L’Enfer de la BnF : une histoire mouvementée
Tout commence en 1750, lorsque la Bibliothèque nationale publie un catalogue des livres imprimés avec une section à part : celle des « ouvrages licencieux ». À l’époque, il s’agit essentiellement de textes à caractère érotique. Au fil des années, cette section va prendre de l’ampleur et susciter de plus en plus de questionnements moraux.
On passe du livre licencieux au livre dangereux.
– Jean-Marc Chatelain, directeur de la réserve des livres rares de la BnF
Certains écrits jugés trop subversifs seront même brûlés, notamment à l’époque napoléonienne. Le terme « Enfer » pour désigner cette collection apparaît finalement en 1844. Les ouvrages qui y sont conservés, publiés clandestinement, exposent leurs auteurs à de lourdes sanctions, comme ce fut le cas pour le marquis de Sade.
Fermeture et réouverture des portes de l’Enfer
Ironie du sort, c’est avec le mouvement de libération des mœurs des années 1960 que la BnF décide de clore la côte Enfer en 1969. Les livres sont alors dispersés dans les différentes sections de la bibliothèque. Mais en 1983, l’Enfer renaît de ses cendres ! La littérature libertine étant reconnue comme un domaine de création à part entière, il est décidé de rouvrir cette section et de l’intégrer pleinement à la réserve des livres rares.
Les nouvelles acquisitions de l’Enfer
Aujourd’hui encore, l’Enfer continue de s’enrichir. L’équipe dirigée par Jean-Marc Chatelain traque les éditions rares et originales d’ouvrages érotiques afin de compléter les collections. Parmi les récentes acquisitions, on peut citer :
- Vénus en rut ou vie d’une célèbre libertine, roman paru en 1770-1771, dans une édition revue et corrigée de 1791
- La Cauchoise ou Mémoires d’une courtisane célèbre, dans son édition originale
- Jeune maman, poème érotique surréaliste de Georges Hugnet publié en 1964 et tiré à seulement 10 exemplaires
Ces ouvrages aux titres évocateurs et souvent publiés sous de fausses informations d’éditeur, présentent un intérêt littéraire et historique indéniable. Ils peuvent d’ailleurs être consultés par tout lecteur justifiant d’une recherche, sur simple demande. Mais gare à vous si vous espérez les emporter : comme le souligne malicieusement Jean-Marc Chatelain, « l’Enfer, c’est pour l’éternité » !
L’Enfer de la BnF, un trésor à (re)découvrir
Loin des clichés sulfureux, l’Enfer de la Bibliothèque nationale de France est avant tout un patrimoine littéraire et culturel d’une richesse insoupçonnée. Reflet des mœurs et de la censure à travers les siècles, cette collection unique mérite qu’on lui prête attention. Alors, prêt à pousser les portes de l’Enfer et à vous laisser tenter par ses trésors cachés ?