Le Venezuela se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs après l’annonce des résultats très disputés de l’élection présidentielle de dimanche. Selon les chiffres officiels communiqués par le Conseil National Électoral (CNE), le président sortant Nicolas Maduro l’aurait emporté avec 51,2% des suffrages. Un score en totale contradiction avec les sondages réalisés à la sortie des urnes, qui donnaient son rival de l’opposition largement en tête.
Des résultats qui ne passent pas
Sitôt les résultats proclamés, les réactions indignées n’ont pas tardé. L’opposition dénonce un “hold-up électoral” et exige un recomptage des voix, supervisé par des observateurs internationaux. Elle s’appuie pour cela sur de nombreux témoignages et vidéos circulant sur les réseaux sociaux, qui tendraient à prouver des bourrages d’urnes et autres irrégularités dans de nombreux bureaux de vote.
Du côté du pouvoir, le ton est à l’apaisement mais aussi à la fermeté. Nicolas Maduro, qui entamera donc un troisième mandat consécutif, a salué sa victoire comme “un triomphe de la paix et de la stabilité”. Il promet de “faire respecter” les résultats et accuse ses adversaires de vouloir plonger le pays dans le chaos.
Washington ajoute son grain de sel
Signe que cette crise post-électorale prend une tournure géopolitique, les États-Unis ne sont pas restés muets. Après avoir exprimé ses “sérieux doutes” sur la validité du scrutin, le secrétaire d’État Antony Blinken a appelé à la publication rapide du “détail des votes” pour garantir la “transparence”. Une pression un peu plus forte de Washington qui pourrait bien attiser les tensions.
“Nous craignons sérieusement que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien”
– Antony Blinken, Secrétaire d’État américain
L’opposition ne lâche rien
Galvanisée par le soutien international, l’opposition vénézuélienne compte bien ne rien lâcher. Des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs villes du pays pour réclamer “la vérité des urnes”. Le spectre des grandes protestations anti-Maduro de 2017, qui avaient fait plus de 100 morts, commence à resurgir.
Dans les bastions de l’opposition, la grogne est palpable. “On nous vole cette élection, comme les précédentes. Mais cette fois, on ne se laissera pas faire”, assure Maria, une étudiante rencontrée dans un rassemblement à Caracas. “Maduro doit partir, il a ruiné ce pays. Son système corrompu ne tient que par la fraude et la répression”.
Un pays au bord du gouffre
Au-delà des querelles politiques, c’est tout le Venezuela qui retient son souffle. Englué depuis des années dans une profonde crise économique et sociale, le pays espérait que cette élection ouvre la voie au changement. Avec des accusations de fraudes qui s’amoncellent et une polarisation extrême, c’est au contraire le spectre de l’instabilité chronique qui ressurgit.
Personne ne peut dire avec certitude vers quoi se dirige à présent le Venezuela. Mais une chose est sûre : les prochains jours risquent d’être décisifs pour l’avenir de ce pays à la dérive. La communauté internationale, qui a les yeux rivés sur Caracas, devra peser de tout son poids pour favoriser une sortie de crise pacifique et transparente. La stabilité du Venezuela, et au-delà de toute la région, en dépend.