C’est un accueil pour le moins glacial qu’a reçu Joel Embiid, le pivot de la sélection américaine de basket, ce dimanche à Lille. Avant même le coup d’envoi du match opposant Team USA à la Serbie, le joueur des 76ers de Philadelphie a été copieusement sifflé et hué par le public nordiste. Une bronca qui s’est intensifiée à chacune de ses prises de balle, culminant lorsqu’il s’est présenté sur la ligne des lancers francs en début de partie. Mais que reproche-t-on exactement à la star américaine ? Retour sur une histoire de naturalisation qui a laissé des traces.
L’arlésienne de la naturalisation d’Embiid
Si la réaction du public français peut surprendre au premier abord, elle s’explique par le long feuilleton de la potentielle naturalisation de Joel Embiid en vue d’une sélection avec l’équipe de France. Bien que le joueur ne dispose pas de liens directs avec l’Hexagone, hormis quelques attaches familiales et un penchant assumé pour la gastronomie française, il a pendant longtemps fait les yeux doux aux Bleus.
Désireux de participer aux Jeux Olympiques, et barré avec la sélection de son pays natal, le Cameroun, Embiid a multiplié les appels du pied à la Fédération Française de Basket (FFBB). Cette dernière, alléchée par la perspective de s’adjoindre les services de l’un des meilleurs pivots de NBA, s’est pleinement investie dans le processus de naturalisation du joueur.
Un passeport français en poche
Après de longs mois de démarches administratives et de tractations en coulisses, Joel Embiid a fini par obtenir le précieux sésame : un passeport français lui a été délivré en 2022. La question semblait alors moins de savoir si le natif de Yaoundé porterait le maillot bleu, mais plutôt quand il le ferait.
Sauf que c’était sans compter sur l’entrée en scène de Team USA. Mettant en avant les liens familiaux d’Embiid avec les États-Unis (son épouse et son fils sont américains), la sélection aux maillots étoilés s’est à son tour positionnée pour enrôler le pivot sous sa bannière. Un bras de fer s’est alors engagé en coulisses.
Un choix cornélien et une volte-face
Placé face à un choix cornélien, sommé par la FFBB de trancher sur son avenir international en octobre 2023, Joel Embiid a fini par annoncer sa décision. Et elle n’a pas fait que des heureux de ce côté-ci de l’Atlantique : c’est sous le maillot de Team USA que le MVP NBA 2023 a choisi de poursuivre sa carrière.
Une volte-face vécue comme une véritable trahison par de nombreux supporters français, qui s’étaient pris à rêver de voir Embiid apporter sa puissance et sa technique à la raquette des Bleus. La pilule est d’autant plus difficile à avaler que le temps et l’énergie consacrés au dossier Embiid ont empêché la FFBB de se positionner sérieusement sur d’autres pistes de naturalisation, à l’image de celle du meneur de l’AS Monaco Mike James.
C’est une immense déception pour nous. On a beaucoup investi sur Joel, humainement et sportivement. On pensait qu’il avait fait son choix en faveur de la France.
Un proche du dossier à la FFBB
Paris 2024 en ligne de mire
À un an des Jeux Olympiques de Paris, le choix d’Embiid est vécu comme un véritable camouflet par les dirigeants et supporters français. Nul doute que le pivot de Team USA, s’il est retenu pour les JO, aura droit à un comité d’accueil similaire dans la capitale française en 2024.
Car au-delà de la déception, c’est une certaine rancœur qui habite aujourd’hui les fans tricolores. Celle d’avoir été bernés, pendant de longs mois, par un joueur qui leur a finalement préféré les lumières de Team USA. Un sentiment qui risque de perdurer et de s’exprimer dans les travées des enceintes françaises à chaque apparition d’Embiid sous ses nouvelles couleurs.
L’histoire retiendra que le pivot aura eu besoin du soutien de la France pour obtenir une naturalisation express, avant de tourner casaque au moment de concrétiser sous le maillot bleu. Un revirement qui laissera une trace indélébile dans sa relation avec le public français. Et qui promet quelques ambiances électriques lors de ses prochaines visites dans l’Hexagone.