C’est sous les majestueuses voûtes de verre et d’acier du Grand Palais que les lames françaises ont lancé leur assaut pour décrocher l’or olympique. Pour ce premier week-end de compétition, les escrimeurs tricolores ont offert un spectacle haletant à un public conquis et déchaîné, malgré quelques couacs techniques. La magie du lieu, tout juste rénové, a pleinement opéré.
Un écrin à couper le souffle pour les duels à l’épée et au sabre
Quand on pénètre dans la nef du Grand Palais, impossible de ne pas être saisi par la magnificence du lieu. Les 6000 tonnes d’acier de la charpente et la grande verrière culminant à 45 mètres donnent le vertige. Un décor grandiose, sublimé par la restauration récente qui fait rutiler les dorures et briller les garde-corps en laiton. C’est dans ce théâtre monumental que les épreuves d’escrime ont élu domicile pour les Jeux de Paris 2024.
Craignant que l’immense verrière ne transforme la salle en étuve, les organisateurs ont déroulé une toile blanche géante pour filtrer la lumière du soleil. Mais c’était sans compter sur une climatisation réglée au maximum qui a littéralement congelé les spectateurs installés dans les tribunes. Un froid presque polaire qui n’a pas refroidi les ardeurs du public, bien au contraire.
Mallo-Breton et Apithy enflamment le public
Dès les premiers duels, les spectateurs ont poussé de toutes leurs forces derrière les tireurs français. Portée par cette marée bleu-blanc-rouge, l’épéiste Auriane Mallo-Breton a accompli un parcours quasi parfait jusqu’en demi-finale, après avoir frôlé l’élimination d’entrée. Chez les hommes, le sabreur Boladé Apithy a lui aussi joué avec les nerfs du public avant de chuter en 8e.
Je n’ai jamais vécu ça de ma vie. Je suis dégoûté d’avoir perdu mais je suis content d’avoir vécu ça. C’est ma meilleure défaite.
Boladé Apithy, sabreur français
Malgré la déception, le trentenaire ne pouvait que savourer ce moment unique, électrisé par une ambiance de feu malgré le froid glacial. Un sentiment partagé par la jeune épéiste Coraline Vitalis, elle aussi stoppée prématurément.
Petits incidents et grande émotion
Si la magie a globalement opéré, quelques incidents sont venus perturber cette grande première. À commencer par les reflets du soleil gênant certains tireurs malgré le voile géant. Il a ainsi fallu interrompre plusieurs assauts pour bricoler des visières de fortune avec du chatterton. Rien de grave comparé à la colère noire de la championne olympique Sun Yiwen et du Géorgien Sandro Bazadze, ulcérés par des décisions arbitrales litigieuses ayant précipité leur élimination.
Des péripéties qui n’ont pas entaché l’émerveillement des escrimeurs et du public, conquis par le mariage entre sport de haut niveau et patrimoine architectural d’exception. Il faut dire que pour beaucoup, fouler les pistes dans un tel monument est un rêve d’enfant. À l’image de Romain Cannone, le champion olympique d’épée, subjugué par ce “mélange d’art, de sport et d’histoire française” qu’il s’apprête à défendre son titre sous la grande verrière.
Malgré quelques couacs, cette première salve a posé des bases plus que prometteuses pour la suite de la quinzaine. Si la climatisation est rapidement domptée et que la fièvre du public continue de transcender les escrimeurs tricolores, le Grand Palais pourrait bien voir l’or olympique garnir ses moulures rutilantes.