Né en Géorgie il y a 28 ans, rien ne prédestinait Luka Mkheidze à devenir un jour l’un des visages du judo tricolore. Pourtant, ce petit gabarit d’1m60 a su se frayer un chemin semé d’embûches pour décrocher le bronze olympique à Tokyo en 2021 sous les couleurs françaises. Un parcours hors du commun pour ce judoka discret qui a trouvé en France une terre d’accueil et un terreau fertile pour s’épanouir sportivement après avoir fui son pays natal.
Un exil forcé, une passion intacte pour le judo
Luka découvre le judo à 8 ans devant sa télé lors des JO d’Athènes 2004. Un déclic immédiat pour ce petit Géorgien qui s’imagine déjà sur la plus haute marche d’un podium olympique. Mais à 12 ans, c’est un tout autre défi qui l’attend : fuir la guerre en Ossétie du Sud avec ses parents pour tenter de construire une vie meilleure à l’Ouest.
Après un passage par la Pologne, la famille Mkheidze pose ses valises en France, au Havre. Malgré le déracinement, Luka n’a qu’une obsession : retrouver les tatamis. « Dès que je suis arrivé en France, immédiatement, j’ai cherché et trouvé un club pour pouvoir continuer. Le judo, c’est toute ma vie » confie-t-il.
Le judo comme passeport pour l’intégration
Dans ce nouveau pays, le judo va être bien plus qu’un exutoire pour le jeune réfugié. C’est une porte d’entrée vers l’intégration. « Le judo m’a permis de faire des rencontres magnifiques et cela m’a aidé à mieux m’intégrer. Peu importe d’où vous venez sur un tatami, tout le monde se retrouve sur un même pied d’égalité et partage les mêmes valeurs de respect » explique Luka.
Des valeurs qu’il cultive au fil des années, gravissant les échelons un à un dans les clubs français. Le talent est là mais le très haut niveau se refuse encore à lui. Jusqu’à ce déclic survenu paradoxalement pendant le Covid.
Le Covid m’a fait beaucoup de bien. Cette pause m’a permis de comprendre certaines choses, notamment sur le fait de davantage écouter mon corps.
Luka Mkheidze
La consécration olympique à Tokyo
Requinqué physiquement et mentalement, Luka revient transformé en compétition fin 2020. Les podiums s’enchaînent dans les tournois internationaux. De quoi rêver des Jeux de Tokyo. Et le 24 juillet 2021, dans le mythique Budokan, le rêve devient réalité : Luka décroche le bronze olympique, lui qui n’était même pas tête de série.
Un exploit savouré pleinement malgré l’absence de public, avec une pensée pour ses proches restés en France et en Géorgie. « Je suis fier de représenter la France et c’est important de le montrer. Mon devoir est de faire briller les couleurs de la France, de tout donner sur le tatami pour rendre un peu de ce qu’elle m’a donné. »
Objectif Paris 2024 : l’or à la maison
Auréolé de sa médaille de bronze, Luka ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après avoir confirmé son nouveau statut en devenant N°3 mondial et champion d’Europe en 2023, il se projette déjà vers Paris 2024 où il visera l’or olympique.
« À Paris, je viserai la plus belle des médailles car ce serait une suite logique après Tokyo. Ce sera à la maison, à seulement deux heures du Havre où habitent mes parents. J’ai envie de vivre ça avec eux » s’enthousiasme le judoka.
Un défi immense mais à la portée de celui qui a su transformé son statut de réfugié en force motrice, pour devenir aujourd’hui l’un des meilleurs ambassadeurs du judo français. Et rendre à son pays d’adoption la plus belle des reconnaissances.