Une scène aussi spectaculaire qu’inattendue. Lors de la grandiose cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, un tableau retraçant la Révolution française a particulièrement marqué les esprits. Une chanteuse incarnant Marie-Antoinette, dernière reine de France, y apparaît décapitée, tenant sa propre tête entre ses mains, tout en entonnant le célèbre chant révolutionnaire « Ah ! ça ira ».
Imaginée par le metteur en scène de renom Thomas Jolly, cette séquence d’une virtuosité scénique indéniable n’a pas manqué de faire réagir. Sur les réseaux sociaux, les commentaires oscillent entre admiration pour l’audace artistique et indignation face à ce qui est perçu par certains comme une apologie de la violence révolutionnaire.
Une mise en scène coup de poing
Filmée en direct depuis la majestueuse Cour carrée du Louvre, la scène s’ouvre sur la façade de la Conciergerie, ancienne prison où Marie-Antoinette passa ses derniers jours avant son exécution en octobre 1793. Aux fenêtres de la sombre bâtisse, une silhouette se détache, une femme en robe XVIIIe.
Mais très vite, le ton change. La chanteuse, d’une voix puissante, entame les paroles sans équivoque du chant des sans-culottes : « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates à la lanterne. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates on les pendra. » Symbolique forte, elle brandit alors sa propre tête décapitée, comme un étendard révolutionnaire.
Stupeur et fascination
L’effet est immédiat sur le public et les téléspectateurs. Certains crient au génie, saluant le cran des organisateurs. « Donnez-lui toutes les médailles olympiques ! », s’enthousiasme un internaute. D’autres, sidérés, peinent à croire ce qu’ils voient : « La chose la plus bizarre que je n’ai jamais vue », commente l’un d’eux.
Mais rapidement, des voix s’élèvent aussi pour dénoncer ce qui est perçu comme une glorification déplacée de la violence révolutionnaire, qui culmina avec l’exécution du couple royal. « Nous avons aboli la peine de mort… et nous la célébrons devant le monde entier », s’insurge le magistrat Charles Prats.
La France, sa Révolution et ses paradoxes
Au-delà de son indéniable caractère spectaculaire, la séquence révèle surtout à quel point la Révolution française, plus de deux siècles après, continue de diviser profondément la société française. Entre les nostalgiques de la royauté et les héritiers autoproclamés des valeurs révolutionnaires, le fossé semble toujours aussi profond.
« Deux rapports contrastés à la monarchie », résume un observateur en comparant l’hommage à la reine Elizabeth II lors des JO de Londres et cette évocation crue du sort tragique de Marie-Antoinette.
Imaginé comme une célébration de l’histoire et de la culture françaises, ce tableau vivant aura finalement surtout ravivé de vieilles querelles mémorielles. Preuve s’il en fallait que plus de 230 ans après la prise de la Bastille, la France n’a pas fini de panser les plaies de sa Révolution.
Reste à savoir si cette polémique, qui a déjà largement débordé des frontières de l’Hexagone, servira ou desservira l’image de Paris 2024. Une chose est sûre : pour sa cérémonie d’ouverture, la capitale française a frappé fort. Quitte à choquer.