Un vent de révolte souffle sur le Venezuela. À quelques jours d’une élection présidentielle cruciale, la population se soulève massivement et pacifiquement contre le régime autoritaire de Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013. Pour l’historienne et anthropologue vénézuélienne Elizabeth Burgos, qui a dirigé la Maison de l’Amérique latine, ce mouvement inédit marque un tournant.
Une “rébellion populaire et pacifique”
“Les Vénézuéliens ont lancé une véritable rébellion populaire et pacifique contre le régime totalitaire de Maduro”, analyse Elizabeth Burgos. Malgré une répression accrue ces derniers mois, la contestation ne faiblit pas, portée par l’espoir d’un changement.
Au cœur de ce soulèvement, María Corina Machado, principale figure de l’opposition. Lors de primaires en vue de la présidentielle, elle a rassemblé plus de 92% des voix. Une popularité qui inquiète le pouvoir en place, qui a tout fait pour l’écarter de la course.
Le régime, conscient de sa popularité, lui a arbitrairement interdit d’exercer une fonction publique pendant 15 ans.
Elizabeth Burgos
Une opposition unie et déterminée
Loin de se décourager, l’opposition fait bloc derrière María Corina Machado. Sa remplaçante désignée, Corina Yoris, a aussi été rejetée sans motif par le régime. Seuls les candidats validés par Maduro sont autorisés à se présenter. Une manœuvre qui ne trompe plus personne.
Malgré ces entraves, l’espoir d’un changement est plus fort que jamais. “Contre toute attente, un nouveau candidat de l’opposition encore plus rassembleur a été désigné du jour au lendemain”, confie Elizabeth Burgos. Le peuple vénézuélien est déterminé à en finir avec plus de deux décennies de chavisme.
Les ravages du totalitarisme chaviste
Ce régime a plongé le pays dans une crise économique, sociale et humanitaire sans précédent. Malgré les immenses ressources pétrolières, la population s’enfonce dans la pauvreté. Les pénuries alimentaires et de médicaments sont le lot quotidien.
- Plus de 75% des Vénézuéliens vivent sous le seuil de pauvreté
- Le PIB a chuté de près de 80% depuis 2013
- 5 millions de Vénézuéliens ont fui le pays, un exode massif
Outre la ruine économique, le Venezuela chaviste se caractérise par un contrôle absolu de tous les pouvoirs. “L’État de droit est bafoué quotidiennement, les libertés fondamentales sont suspendues”, dénonce l’historienne. Le bilan des droits humains est accablant :
- Plus de 200 prisonniers politiques
- Des milliers d’arrestations arbitraires
- La justice aux ordres du pouvoir
Une demande de liberté et de dignité
Face à ce sombre bilan, les Vénézuéliens aspirent au changement et à retrouver une vie digne. Leur mobilisation impressionne par son ampleur et son caractère pacifique, malgré la violence de la répression.
C’est une demande de liberté, de respect des droits humains les plus élémentaires, d’une vie décente avec de quoi se nourrir et se soigner.
Elizabeth Burgos
Dans ce combat, la population peut compter sur le soutien de ses voisins latino-américains. Un vent de libéralisme et de renouveau démocratique souffle sur le continent, du Chili à la Colombie. De quoi redonner espoir aux Vénézuéliens.
Le chavisme, un mirage qui fascine encore à gauche
Paradoxalement, alors que l’Amérique latine tourne la page du populisme, une partie de la gauche radicale, notamment en France, continue de s’en faire le chantre. Un aveuglement qui indigne Elizabeth Burgos.
Le chavisme a ruiné le Venezuela. Comment peut-on encore le défendre ? C’est une insulte aux Vénézuéliens qui souffrent !
Elizabeth Burgos
Ce dimanche, les Vénézuéliens ont rendez-vous avec l’Histoire. Malgré le manque de garanties démocratiques, ils sont déterminés à braver les pressions, armés de leurs seuls bulletins de vote. Un peuple courageux et digne en quête de liberté.
