Lors d’une rencontre à Washington ce jeudi, la vice-présidente américaine Kamala Harris a adopté un ton inhabituellement ferme face au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou concernant la situation à Gaza. Promettant de ne plus “rester silencieuse” face aux souffrances des civils palestiniens, elle a insisté sur la nécessité de conclure rapidement un accord de cessez-le-feu et de libération des otages avec le Hamas afin de mettre un terme à une guerre qu’elle qualifie de “dévastatrice”.
Un entretien “franc” qui marque un changement de cap
S’écartant de la ligne de conduite de l’administration Biden privilégiant les pressions en coulisses, Kamala Harris n’a pas mâché ses mots lors de cet entretien qu’elle décrit comme “franc”. Évoquant les “enfants morts” et les “personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l’abri”, elle a martelé :
Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse.
Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis
Cette prise de position tranche avec l’image de grande cordialité affichée par Joe Biden et Benyamin Netanyahou plus tôt dans la journée, en dépit de relations notoirement compliquées entre les deux hommes. Le Premier ministre israélien a d’ailleurs profité de l’occasion pour remercier chaleureusement le président américain pour son “soutien à l’État d’Israël” durant cinq décennies.
Une situation humanitaire catastrophique à Gaza
Mais pour Kamala Harris, il est urgent d’agir face à l’ampleur de la crise humanitaire qui ravage la bande de Gaza depuis le déclenchement de la guerre avec Israël il y a neuf mois. Avec plus de 39 000 Palestiniens tués selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, des dizaines de milliers de déplacés et des pénuries dramatiques, la situation est plus que jamais explosive.
Comme je viens de le dire au Premier ministre Netanyahou, il est temps de conclure cet accord.
Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis
Appel à la création d’un État palestinien
Au-delà de la conclusion d’un accord de cessez-le-feu, la vice-présidente américaine a également plaidé pour la création d’un État palestinien, une perspective à laquelle s’oppose fermement Benyamin Netanyahou. Cette prise de position marque une inflexion notable dans la politique étrangère américaine, même si l’administration Biden continue d’afficher son soutien à Israël.
Benyamin Netanyahou sous pression
Pour le Premier ministre israélien, ce voyage à Washington s’annonçait déjà délicat en raison de la contestation croissante, y compris aux États-Unis, sur sa gestion du conflit. Cette nouvelle prise de position américaine ne fait qu’accentuer la pression, comme en témoignent les appels de plus en plus pressants, y compris de la part de Donald Trump, à “terminer rapidement” cette guerre dévastatrice à Gaza.
Reste à voir si ces déclarations se traduiront par des actes concrets pour faire avancer le processus de paix et soulager les souffrances des civils palestiniens. Une chose est sûre : les tensions entre Kamala Harris et Benyamin Netanyahou révèlent des fissures de plus en plus béantes dans le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël. Le ton est donné pour la suite du mandat de Joe Biden.