Les caméras de vidéosurveillance d’Antibes ont récemment été les cibles d’un acte de vandalisme pour le moins insolite. Une trentenaire a été interpellée à deux reprises pour avoir recouvert de crème chantilly plus d’une dizaine de ces “yeux numériques” disséminés dans la ville. Un méfait original qui n’est pas sans conséquences.
Une mise en scène déconcertante
Le 15 mars dernier, la suspecte avait été arrêtée une première fois en flagrant délit. Armée d’un grand plumeau qu’elle trempait allègrement dans un bol de crème chantilly avant de l’étaler sur les caméras, elle avait été placée en garde à vue. “Elle se foutait ouvertement de nous”, se souvient un policier présent ce jour-là. Elle s’en était finalement tirée avec un simple rappel à l’ordre après avoir expliqué de manière évasive qu’elle avait perdu un pari.
Mais deux mois plus tard, rebelote. La trentenaire reprend son “œuvre” avec la même méthode déconcertante. En plus des caméras barbouillées de crème, elle a cette fois-ci été aperçue en train de jeter des œufs sur les portes de la police municipale. Visiblement, l’autorité policière et elle ne sont pas en très bons termes.
Un trouble psychologique en question
Interpellée une seconde fois, la mise en cause a été soumise à une expertise psychiatrique. Surprise : le spécialiste a décelé chez elle un trouble, considérant que son discernement avait pu être altéré au moment des faits. Une conclusion étonnante au vu de la profession de la suspecte qui travaille pourtant dans le milieu médical.
Quand on lui a dit que deux affaires n’avaient pas pu aboutir à cause de ses actes, elle a eu un petit choc. Peut-être qu’elle a compris et ne recommencera pas.
– Un policier chargé de l’affaire
Des conséquences judiciaires limitées mais un préjudice réel
Malgré le trouble psychiatrique, la jeune femme devra tout de même payer la note, au sens propre comme au figuré. Elle doit s’acquitter d’une somme de 2000€ pour le nettoyage des caméras endommagées. La ville a dû faire appel à des sociétés privées spécialisées pour rendre à nouveau opérationnels les appareils de vidéosurveillance.
Mais le préjudice ne s’arrête pas là. En rendant inexploitables les images captées, ce vandalisme insolite a fait capoter deux affaires pourtant sérieuses : une agression sexuelle et un trafic de stupéfiants. Les enquêteurs n’ont pas pu s’appuyer sur les précieuses images des caméras recouvertes de crème chantilly aux moments clés.
Une affaire classée malgré tout
Compte tenu du profil atypique de la suspecte et de l’expertise psychiatrique, l’affaire a finalement été classée par la justice. Un épilogue quelque peu frustrant pour les forces de l’ordre même si elles espèrent que la mise en cause, peut-être secouée en prenant conscience de l’impact de ses actes, ne réitèrera pas ce type de méfait.
Cette histoire rocambolesque met en lumière, au-delà de son aspect insolite, la vulnérabilité de certains de nos dispositifs de sécurité face à des modes d’action difficilement anticipables. Elle questionne aussi sur la prise en charge de personnes au discernement potentiellement altéré mais dont le profil ou la situation ne laissent pas présager de tels passages à l’acte. Autant de défis pour notre système judiciaire et médical.